Page:Langlois - Rig Véda.djvu/340

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
332
[Lect. VIII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

que vous voyez, c’est lui. Indra se montre sous mille apparences magiques. (À son char) sont attelés mille chevaux.

19. (Quelquefois) il attelle à ce char deux coursiers azurés, et il brille tel que Twachtri. Au milieu de nos seigneurs assemblés, quel (autre) héros peut chaque jour venir s’asseoir ?

20. Ô Dieux, nous sommes arrivés dans une région privée de vaches. La pieuse et large Terre a été dans l’affliction. Ô Vrihaspati, pense à rechercher ces vaches. Ô Indra, en faveur de ton chantre, qui est en ce (triste) état, (indique) la voie (où elles seront retrouvées).

21. Ô (Indra), naissant d’un côté (du ciel), chasse à travers l’autre moitié les (nuits) noires, qui blanchissent des rayons du jour. Il donne la mort, au sein même du nuage, aux deux brigands avides de trésors, à Vartchin et à Sambara.

22. Ô Indra, Prastoca[1] a donné en ton honneur dix écrins (de joyaux) et dix chevaux. Nous avons reçu de Divodâsa les trésors de Sambara, cédés à Atithigwa.

23. J’ai reçu de Divodâsa dix chevaux, dix écrins (de joyaux), dix vêtements avec des provisions, dix lingots d’or.

24. Aswattha a donné à Pâyou[2] et aux Atharvans dix chars, cent larges vaches.

25. Le fils de Srindjaya a honoré les Bharadwâdjas, en leur faisant de magnifiques présents de toute espèce.

26. Ô (char)[3] composé d’un bois fort et solide, sois notre ami, notre sauveur ; sois le compagnon des héros. Tu es entouré de la dépouille de la vache ; sois vigoureux, et que le (guerrier) qui te monte obtienne par la victoire un riche butin.

27. Honore par ton holocauste ce char, qui porte la foudre d’Indra, qui est fort de toutes les forces du ciel et de la terre, qui renferme la sève vigoureuse des bois dont il est formé, qui lance autour de lui les Ondes, et se couvre de la dépouille des vaches (célestes).

28. (Dans ce char se trouvent) la foudre d’Indra, la force des Marouts, le germe de Mitra, l’ombilic de Varouna. Ô char divin, tu aimes nos offrandes ; reçois nos holocaustes.

29. Ô Tambour compagnon d’Indra et des autres dieux, retentis au ciel et sur la terre. Que les différents mondes entendent tes sons ; et fais fuir au loin d’épouvante nos ennemis.

30. Retentis, et donne-nous la force et la splendeur. Résonne pour confondre les méchants. Ô Tambour, extermine les Rakchasas. Tu es (comme) le poing d’Indra, sois robuste.

31. Viens donc, (ô Indra), et pousse vers nous les (vaches célestes). Le tambour résonne comme un signal. Que nos héros s’assemblent avec leurs chevaux ailés ; ô Indra, que nos conducteurs de chars soient vainqueurs.





LECTURE HUITIÈME.
HYMNE I.
À Agni et autres dieux, par Samyou.
(Mètres : Vrihatî, Mahâvrihatî, Djagatî, Anouchtoubh, Poura, Ouchnih, Gâyatrî et Achtî.)

1. En votre nom, j’offre des sacrifices, je chante des hymnes en l’honneur d’Agni. Nous célébrons tous, comme un ami chéri, le (dieu) immortel, possesseur de tous les biens.

2. Nous (chantons) le petit-fils de l’Offrande. Il se montre notre ami. Honorons (le dieu) qui se charge de notre holocauste. Qu’il soit notre sauveur dans les combats, l’auteur de notre fortune, le gardien de notre famille.

3. Ô Agni, tu es grand, libéral, immortel, resplendissant. Entouré de rayons éternels, brille de ton éclat merveilleux.

4. Par toi les dieux sont honorés. Que tes œuvres vigoureuses contribuent à leur culte sacré. Ô Agni, viens à nous pour nous secourir. Donne-nous l’abondance, et prends nos offrandes.

5. Enfant du Sacrifice, il est soutenu par les ondes, les mortiers, le bois. Agité avec force par les prêtres, il naît et brille sur le haut du foyer de terre.

6. Celui qui emplit de son éclat l’air et la terre va toucher le ciel avec la fumée. Il repousse les ténèbres ; il apparaît au milieu de l’obscurité des nuits brillant et généreux ; oui, brillant et généreux, il (chasse) la noire obscurité.

7. Ô divin Agni, tes rayons sont larges, ta lu-

  1. Nom d’un prince, fils de Srindjaya. Le commentateur a l’air de croire que ce Prastoca porte encore les noms de Divodâsa et d’Aswattha.
  2. Pâyou est un fils de Bharadwâdja.
  3. L’apostrophe s’adresse à Vanaspati, qui dans cette circonstance doit signifier assemblage de pièces de bois. Je suppose qu’il est question allégoriquement du char d’Indra. Un char composé de pièces de bois est recouvert de peaux de vaches. Ces peaux de vaches, dans l’allégorie poétique, représentent les nuages.