Page:Langlois - Rig Véda.djvu/358

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
350
[Lect. II.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

flamme dévore le bois comme elle dévorerait (la paille) d’orge.

5. C’est cet Agni toujours jeune, cet hôte bienveillant, semblable à un rapide coursier, dont on allume les feux le matin et le soir. Au sein de son foyer éclate la splendeur de ce (dieu) magnifique, objet de nos invocations.

6. Ô (Dieu) resplendissant, ta forme est magnifique, quand tu brilles près de nous tel que l’or. Tu résonnes comme le tonnerre qui descend du ciel, et ta lumière charme les yeux, semblable au soleil.

7. En votre nom, nous honorons Agni par des prières et des offrandes de beurre. Daigne donc, ô Agni, nous conserver par tes splendeurs infinies. Qu’elles soient pour nous telles que cent villes de fer.

8. Par ces (flammes) que tu sais rendre invincibles en faveur de ton serviteur, par ces prières auxquelles tu accordes le bienfait d’une race vigoureuse, ô fils de la Force, ô possesseur de tous les biens, conserve-nous, chantres et chefs de famille.

9. Quand, pareil à la hache aiguisée, il apparaît avec son corps pur et brillant, ce (dieu) saint et adorable ne sort du sein de l’Aranî que pour servir aux besoins du sacrifice.

10. Ô Agni, brille pour notre bonheur. Que nous obtenions de toi force et prudence. Que tout réussisse à ceux qui te chantent et à celui qui t’honore. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE III.
À Agni, par Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Présentez le saint holocauste et la prière à Agni, foyer de lumière éclatante, qui avec sagesse pénètre tous les êtres et divins et humains.

2. Qu’il apparaisse triomphant, ce prudent Agni qui, toujours jeune, naît du sein de l’Aranî, qui s’unit au bois, et de sa dent brillante consume tous les aliments qu’on lui donne.

3. Les mortels (ont placé) ce dieu éblouissant sur un trône, et ils ont choisi sa bouche pour lui confier leurs offrandes. Agni a reçu les présents des hommes, et, terrible (pour ses ennemis), a (doucement) brillé pour Ayou.

4. Ainsi le sage et prudent Agni vit au milieu des insensés ; l’immortel Agni reste au milieu des mortels. (Ô Dieu) puissant, ne nous fais aucun mal. Puissions-nous toujours conserver ta bienveillance !

5. Agni s’est assis au foyer préparé par les Dévas, et il a par ses œuvres sauvé les Amritas[1]. Enfant des plantes et des arbres[2], il soutient tout, et il est soutenu sur (un foyer) de terre.

6. Agni est le maître de l’ambroisie ; il est le maître de la richesse. C’est lui qui donne une forte famille. (Ô Dieu) puissant, ne souffre pas que nous, tes serviteurs, nous soyons sans enfants, sans beauté, sans sacrifices.

7. Puissions-nous être entourés des faveurs du bienveillant (Agni) ! Puissions-nous jouir d’une opulence continuelle ! Ô Agni, nous ne sommes pas issus d’une race étrangère et impie. Ne choisis que la route qui conduit vers nous.

8. S’il n’était point du même sang que nous, Agni viendrait en vain chercher nos offrandes et nos hommages. Il a des droits à la demeure que nous lui réservons ; qu’il se présente à nous, ce (dieu) fort, triomphant, adorable !

9. Ô puissant Agni, défends-nous contre notre ennemi et contre sa haine. Que vers toi s’élève un pur holocauste ; que (vers nous descendent) des richesses innombrables et enviées.

10. Ô Agni, brille pour notre bonheur ; que nous obtenions de toi force et prudence. Que tout réussisse à ceux qui te chantent et à celui qui t’honore. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE IV.
À Agni, par Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Présentez la prière au puissant Agni, maître du ciel et de la terre, (au dieu appelé) Vêswânara[3], qui, en présence de tous les Amritas qui l’ont éveillé, prend un (rapide) accroissement.

2. Agni est l’objet de nos vœux. Il est au ciel et sur la terre ; il conduit les Ondes, il féconde les nuages. Vêswânara illumine la race de Manou, et grandit avec ses bienfaits.

3. Tremblant devant toi, les noires tribus[4] ont

  1. Les mots Dévas et Amritas s’appliquent ici aux personnes occupées des sacrifices.
  2. Agni a été nourri par le suc des plantes, et s’est accru aux dépens des branches d’arbre qui composent le bûcher.
  3. Voy. page 78, col. 1, note 4.
  4. Ce sont les Asouras, couverts de nuages qui obscurcissent l’air.