Page:Langlois - Rig Véda.djvu/376

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
368
[Lect. IV.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.

occupés de l’œuvre sainte, te plaire par notre service !

5. Ô Haryaswa, tu accordes toi-même aux prières de ton serviteur, les biens que tu possèdes. Ô Indra, nous t’honorons ; donne-nous tes richesses et ta protection.

6. Ô Indra, tu entends nos voix, et tu affermis la fortune de nos sages. Engagé par le sacrifice et la prière, que ce (dieu) puissant apporte dans notre demeure l’abondance, la richesse, et le bonheur d’une forte famille.

7. Quand un homme est sous l’influence de la déesse Nirriti[1], ses libations[2] et ses offrandes se dirigent vers Indra. Et alors cet ami des trois (mondes), que les mortels doivent honorer, arrive auprès de cet homme accablé par la faim, et chassé de sa propre demeure.

8. Ô Savitri, que nos offrandes et nos louanges aillent vers toi, pour obtenir les dons de Parwata[3]. Que ce sauveur céleste nous comble de ses présents. Et vous, secondez-nous toujours de vos bénédictions.


HYMNE III.
À Savitri, par Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le divin Savitri se lève, et développe la forme d’or qu’il a revêtue. Bhaga mérite les hommages des enfants de Manou, lui qui distribue avec libéralité ses abondantes richesses.

2. Lève-toi, ô Savitri à la main d’or ! Entends (la voix) de notre sacrifice au moment de l’offrande. Montre-nous ta grande et large forme, et envoie aux mortels les biens qui leur conviennent.

3. Que le divin Savitri soit loué ! Tous les Vasous le chantent. Que ce (dieu) adorable reçoive nos hymnes et nos offrandes. Qu’il couvre de toute sa protection les maîtres (du sacrifice).

4. La déesse Aditi célèbre avec amour la naissance du divin Savitri. À ces accents joignent leurs voix joyeuses Varouna, Mitra, Aryaman et (leurs frères)[4], tous également rois.

5. Tous les (Dévas) à l’envi, les offrandes à la main, honorent et vénèrent (Savitri), présent du Ciel et de la Terre. Qu’Ahirboudhnya nous entende. Que Varoutrî[5], avec ses plus belles vaches, soit notre protection.

6. Ainsi, que le maître des êtres se souvienne de nous, et accorde à nos prières les biens du divin Savitri. Le fort comme le faible implorent le secours de Bhaga ; ils reçoivent tous ses présents.

7. Propices nous soient, au milieu de nos invocations et de nos offrandes, les Chevaux[6] (du sacrifice) à la course paisible, aux membres brillants, (ces Chevaux) qui blessent les Rakchasas et Ahi le brigand ! Qu’ils éloignent de nous les maladies !

8. Ô Chevaux immortels, justes et sages, sauvez nous dans ces combats, où il s’agit pour nous de la fortune. Prenez le miel (de nos offrandes) ; enivrez-vous de nos libations, et suivez la voie que vous ouvrent les Dévas.


HYMNE IV.
Aux Viswadévas, par Vasichtha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Qu’Agni s’élève, et vienne à la voix du sacrificateur. D’un autre côté, (l’Aurore) qui détruit (l’obscurité) arrive à nos cérémonies. Les deux pièces (de l’Aranî)[7], telles que deux chars, suivent leur route immortelle ; Agni a paru ; et, comme pontife, qu’il accomplisse le sacrifice.

2. Le gazon est arraché, et couvert des mets (sacrés). Tels que deux protecteurs, au moment où le matin sont invoquées la Nuit et l’Aurore, arrivent dans l’air, pour le bonheur des peuples, Vâyou et Poûchan, traîné par ses (brillants) coursiers.

3. Que les Vasous jouent ici sur le (foyer) de terre[8]. Que les divins Marouts s’élancent dans l’espace des airs. (Dieux) à la course longue et

  1. C’est la déesse du mal : le commentaire explique le mot nirriti par le mot bhoûmi.
  2. Le mot libations est dans ce passage, comme dans plusieurs autres, la traduction du mot Saradah, que le commentateur explique par le mot Samvatsarâh.
  3. Indra sous la forme du nuage.
  4. Le mot Mitra se trouvant au pluriel, j’ai cru pouvoir ajouter cette idée.
  5. Voy. page 52, col. 2, note 2. Cette déesse est appelée aussi Vâg dévatâ et Saraswatî. Les vaches de Varoutrî, ce sont les prières ou les flammes du sacrifice.
  6. On appelle ainsi les flammes du foyer, allumées pour le sacrifice. Le commentateur dit que ces Vâdjins (c’est là leur nom) sont une classe de dieux.
  7. Le mot du texte est Adri. Il me semble que ce mot, qui signifie arbre, doit avoir le sens que je lui donne. Le commentateur croit qu’il est question des deux époux qui offrent un sacrifice, patniyadjamanô. Je pense que si ce ne sont pas les deux pièces de l’Aranî, ce sont au moins les deux libations.
  8. Les Vasous sont les feux allumés sur un foyer qui est un vase de terre.