Page:Langlois - Rig Véda.djvu/498

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
490
[Lect. III.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE V.
À Soma, par Vasou, fils de Bharadwadja.
(Mètre : Djagatî.)

1. Soma, avec sa liqueur, vient visiter le sacrifice. Il appelle les dieux du haut du ciel. À la voix de Vrihaspati[1] il a brillé. Telles que des mers profondes, les Libations s’étendent.

2. (Dieu) robuste et brillant, les (Vaches) immortelles (de la louange) te célèbrent. Tu montes sur le foyer que frappent (les rayons) dorés. Tu prolonges la vie, tu augmentes la gloire de tes riches (serviteurs). Ô généreux Soma, tu viens enivrer Indra.

3. Il inonde le sein d’Indra, ce (dieu) qui fait notre bonheur et notre gloire : il s’unit à la libation, qui accroît sa force. Il arrive, et en se jouant il développe tous les mondes. Il coule, brillant, rapide, généreux.

4. Les dix Doigts, ministres diligents, pressent ton miel pour les dieux, ô Soma, qui te répands par mille torrents. Extrait par les prêtres, versé des mortiers, coule pour les dieux, vainqueur de mille (ennemis) !

5. Les dix Doigts, avec un (saint) empressement, te brisent dans les mortiers et te jettent dans les ondes, ô (Dieu) généreux, aussi doux que le miel. Ô Soma, tu fais le bonheur d’Indra et de la race divine. Tu viens pareil au flot d’une eau pure.


HYMNE VI.
À Soma, par Vasou.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les flots du pur Soma pénètrent dans le sein magnifique d’Indra. Mêlés avec le caillé qu’ont fourni les vaches, et versés (dans les coupes), ils enivrent le héros et le disposent à la bienfaisance.

2. Soma coule dans les vases (du sacrifice), généreux et rapide, tel qu’un coursier chargé (de provisions). Connaissant l’origine des dieux, il s’adresse à ceux du ciel aussi bien qu’à ceux de la terre.

3. Ô pur Soma, répands tes biens sur nous. Ô Indou, sois prodigue de trésors. Tu possèdes l’abondance : sois bienfaisant pour ton serviteur. Ne va point semer loin de nous tes présents.

4. Compagnons des mêmes plaisirs, que le pur Poûchan, Mitra, Varouna, Vrihaspati, les Marouts, Vâyou, les Aswins, Twachtri, Savitri, l’heureuse Saraswatî, nous apportent leurs bienfaits.

5. Le Ciel et la Terre qui remplissent tout, le divin Aryaman, Aditi, Vidhâtri[2], Bhaga célébré par les poëtes, la vaste Atmosphère, tous les dieux honorent le pur (Soma).


HYMNE VII.
À Soma, par Vasou.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Tel qu’un roi magnifique, le brillant et généreux (Soma) s’élance, et va en criant se mêler au (lait) des vaches. Purifié (avec soin), il passe sur le filtre de laine, et, comme l’épervier, se place sur son siége arrosé de ghrita.

2. Ô (Dieu) sage, dans ton ardeur de connaître (le sacrifice), tu remplis le vase (saint), et, pareil au coursier qui vient d’être baigné, tu aspires à prouver ta force. Ô Soma, sois clément : éloigne de nous les maux. Tu prends un vêtement de ghrita, et brilles dans toute ta pureté.

3. Pardjanya[3] est le père du grand (Soma), qui eut des ailes (pour descendre du ciel. Soma) a été recueilli au sein de la terre, sur les collines. (Pour lui) les Ondes, ses sœurs[4] (bienveillantes), se sont mêlées au (lait) des vaches. Elles sont sorties des mortiers au moment du sacrifice.

4. Tu nous aimes, comme une épouse (aime) son mari. Enfant de la Terre, écoute mes paroles. Au milieu de nos hymnes montre-toi pour nous accorder une heureuse vie. Ô Soma, veille pour nous délivrer du mal, et mérite nos louanges.

5. Comme tu faisais pour nos pères, ô invincible Indou, viens te fortifier de nos offrandes ; tu peux donner des centaines, des milliers de présents. Arrive donc pour une œuvre nouvelle de bienfaisance. Les Ondes te servent et t’accompagnent.

  1. Vrihaspati est un nom d’Agni. Le commentaire pense que c’est le nom général du poëte, stotri.
  2. Surnom d’Agni.
  3. Pardjanya est le nuage, qui est le père de toutes les plantes, et entre autres du Soma.
  4. Les Ondes peuvent être sœurs de Soma : elles viennent, comme lui, du nuage.