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[Lect. I.]
INDE. ― POÉSIE LYRIQUE.

2. Vâyou, des chantres sacrés, disposés à faire les libations, habiles à connaître le jour (des sacrifices), te célèbrent en ce moment par leurs vers.

3. Vâyou, d’accord avec le vœu de ton serviteur, ta grande voix s’élève et vient attester que tu reçois nos libations de soma.


À Indra[1] et à Vayou.

4. Indra et Vâyou ! c’est pour vous que sont ces libations ; venez prendre les mets[2] que nous vous offrons ; voici des boissons qui vous attendent.

5. Vâyou et Indra ! vous voyez ces oblations, vous qui daignez (quelquefois) assister à nos sacrifices ; venez tous deux avec empressement.

6. Vâyou et Indra ! (dieux) forts, venez (recevoir) l’hommage de (l’homme) qui fait des libations en votre honneur ; accourez à sa prière.


À Mitra et à Varouna[3].

7. J’invoque Mitra, qui a la force de la pureté, et Varouna, qui est le fléau de l’ennemi : (ces dieux) accordent la pluie[4] à la prière qui les implore.

8. Ô Mitra et Varouna ! vous qui (d’une main favorable) touchez notre sacrifice, vous dont ce sacrifice augmente la force, (voyez comme) par lui vous obtenez d’abondantes offrandes.

9. Que Mitra et Varouna, (dieux) sages et puissants, habitants des larges demeures, nous accordent la force qui fait exécuter l’œuvre !


HYMNE III.
Aux Aswins[5], par Madhoutchhandas.
(Mètre : Vrihatî.)

1. Aswins (dieux) aux mains agiles, aux longs bras[6], maîtres de splendeur, acceptez les mets du sacrifice.

2. Puissants Aswins, célèbres par votre force et par vos nombreux exploits, écoutez nos voix, qui portent vers vous notre prière.

3. Secourables et véridiques[7], venez ; nos libations vous attendent, disposées sur un tapis formé de gazon sacré[8]. Venez par la route (qu’arroseront) les larmes (de nos ennemis[9]).


À Indra.

4. Accours, brillant Indra ; ces libations sont pour toi, toujours pures et préparées par des mains (pieuses).

5. Accours, Indra, appelé par la prière, invoqué par le sage[10] ; écoute les paroles saintes du ministre qui t’offre ces libations.

6. Accours, Indra, avec empressement à ces paroles, toi que portent deux coursiers azurés[11] ; avec nos libations, reçois les mets que nous te présentons.


Aux Viswadévas.[12]

7. Viswas, dieux protecteurs, soutiens de l’homme, dispensateurs de la richesse, venez partager les libations qu’a préparées votre serviteur.

8. Ô Viswas, vous qui envoyez la pluie, hâtez-vous d’accourir vers ces libations, comme les vaches courent vers leurs pâturages.

9. Ô Viswas[13], dieux prévoyants, exempts d’inquiétude et de mal, acceptez cette offrande, et apportez-nous le bien.

  1. Indra est le dieu de l’éther, considéré comme le premier des éléments : c’est le ciel qui enveloppe le monde. Le nom d’Indra signifie roi.
  2. Ces mets se composaient de beurre (ghrita), de caillé (dadhi) mêlé de farine, de gâteaux. On les appelle ici du nom général de prayas ; ailleurs, du nom de vâdja.
  3. Mitra et Varouna sont deux formes du ciel, ou plutôt du soleil. Ce sont le soleil de jour et le soleil de nuit : car celui-ci est censé revenir, pendant les ténèbres, reprendre sa place à l’orient. Ces deux personnages réunis représentent le jour astronomique ; Mitra est le jour, et Varouna la nuit.
  4. Ou bien : exaucent la prière qui accompagne le beurre (du sacrifice). Dans l’autre version, le mot ghrita indique la pluie, qui est comme le beurre destiné à engraisser la terre.
  5. Les Aswins ou Cavaliers sont deux divinités par lesquelles se trouvent personnifiés deux états, deux apparences du ciel. Il est probable que ce sont les deux crépuscules. Le commentateur les a quelque part confondus avec le Ciel et la Terre, et même avec le Soleil et la Lune, d’après l’autorité d’Yâsca.
  6. Chez ces dieux, ce que le poëte appelle mains et bras, ce sont les rayons de lumière
  7. Traduction des deux mots dasra et nâsatya, qui sont les noms ordinaires des Aswins.
  8. Les offrandes étaient disposées, et les ministres du sacrifice assis sur des couches d’un gazon appelé varhis, cousa, darbha (Poa cynosuroïdes).
  9. Paraphrase indiquée par le commentaire pour rendre le mot Roudra. Je traduirais volontiers : suivant la route de Roudra, c’est-à-dire la voie de l’air.
  10. Vipra, le prêtre qui préside au sacrifice.
  11. J’essaye de rendre ainsi le mot hari.
  12. Le mot viswa signifie tout. Ce nom collectif désigne tous les dieux invoqués ailleurs séparément, et ne semble pas s’appliquer à une classe particulière de divinités.
  13. Traduction du mot composé éhimâyâsah, sur l’origine duquel les commentateurs semblent embarrassés. Ils racontent à ce sujet une petite légende ; ils disent que le feu, appelé Sôtchica, s’étant caché dans les eaux parce que ses trois frères avaient été tués, les Viswadévas le rappelèrent, en disant : Éhi, mâ yâsîh (Veni, ne abcas).