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[Lect. VII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.
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est heureuse, quand elle rend un hommage public à son bien-aimé.

13. (Indra) saisit (le Nuage) par le pied[1] ; il l’attire à lui comme pour le dévorer, et de ce large corps il enveloppe sa tête. De son siége élevé il le soulève ; puis il le brise, et descend avec lui sur la surface de la terre.

14. Tel que (le voyageur) qui n’a plus d’ombre ni de feuilles, le grand (Indra) s’avance. Cependant la mère (du monde) se relève ; le fruit (confié à son sein) se développe avec (le lait) qu’il reçoit. La Vache (céleste) lèche en mugissant l’enfant de la Vache (terrestre), et lui donne sa mamelle.

15. Dans la partie inférieure (d’Indra) apparaissent sept Richis, et huit dans la partie supérieure. Derrière lui se sont fixés neuf personnages, et dix autres se partagent la partie antérieure du ciel[2].

16. Un de ces dix (Richis), Capila[3], est chargé par ses compagnons de suivre, (comme Aditya), le cours du grand sacrifice. (Indra) n’est encore qu’un enfant que la Vache (céleste) porte à sa mamelle, et qu’elle caresse pour l’apaiser.

17. (Indra est changé) en un gros bélier[4], que les sacrificateurs immolent. (Ses membres, comme) des dés sur une table de jeu, sont jetés de différents côtés. Cependant deux (divinités)[5], au sein même des ondes, parcourent le grand arc (de la voûte céleste), qu’elles travaillent à purifier.

18. Accourant tous ensemble, (les hommes) ont poussé des cris différents : « Qu’on fasse l’holocauste, » ont dit les uns. « Qu’on n’en fasse pas, » ont dit les autres. Voilà ce que m’a dit le divin Savitri : « Qu’(Indra) soit honoré par le (dieu) qui consume le bois (du bûcher), et se nourrit du beurre (sacré). »

19. J’ai vu le peuple accourir de loin, et lui offrir la Swadhâ, malgré l’absence du char (d’Aditya). Maître du monde, (Indra) produit la succession des temps ; il détruit la race des êtres malfaisants, (dieu) toujours nouveau.

20. (Indra parle.) Terrible (pour mes ennemis), j’arrive avec mes deux coursiers. Adresse-moi tes hommages. Réjouis-moi par tes libations. Ils entrent dans l’œuvre d’Indra, et ces Ondes, et ce Soleil qui purifie le nuage en s’y mêlant.

21. Ma foudre, qui retentit au loin, roule au-dessous de l’enveloppe nébuleuse du large soleil. Au-dessus d’elle s’ouvre une source salutaire, dont le flot guérit tous les maux.

22. Attachée à l’arbre, la Vache mugit. La flèche ailée (de la foudre) traverse l’air pour aller frapper l’homme. Le monde entier est dans la crainte. Que des libations soient faites en l’honneur d’Indra ; que des offrandes soient présentées au sage.

23. Quand les Dévas, pour créer (le monde), fendirent (le corps d’Indra), les nuages apparurent les premiers. Trois (divinités)[6], chacune de son côté, charment la Terre ; deux d’entre elles dissipent l’enveloppe des nuages.

24. La vie d’Indra est la tienne : sache-le bien. Glorifie donc Indra dans le sacrifice. Il manifeste la lumière, il dissipe l’obscurité. La chaussure de ce dieu pur n’est jamais déliée[7].


HYMNE X.
À Indra, par Vasoucra.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. (L’épouse de Vasoucra parle.) Tous les autres seigneurs sont arrivés ; mais mon beau-père[8] n’est pas venu. Qu’il mange nos grains[9], qu’il boive notre soma, et qu’il retourne satisfait dans sa demeure.

2. (Récit.) Le taureau aux cornes aiguës a mugi.

  1. Par ce mot pied, le commentaire entend les rayons du Soleil. Je suppose que le pied du nuage est la partie tournée vers le ciel : c’est par là qu’Indra, sous la forme du soleil, le saisit et l’attire.
  2. Je ne sais pas trop quels sont les personnages désignés dans ce passage. Le commentaire me paraît assez incertain. Les sept Richis pourraient être les sept Marouts ; ceux qui sont au nombre de huit me semblent être les huit Pradisas. Je ne sais quelle est la classe de ces êtres qui apparaissent au nombre de neuf, à moins d’y voir neuf espèces de Pitris et de Rakchasas. Les dix derniers sont les dix Angiras. Au reste, les nombres de ces personnages avec Indra forment la somme de 33.
  3. Il paraît que Capila est un des dix Angiras. Son nom signifie noir, et il semble représenter le Soleil couvert et obscurci par les nuages.
  4. Nous avons déjà vu qu’Indra est considéré comme le bélier du troupeau céleste : des allusions ont aussi été faites à la métamorphose de ce dieu en bélier. En effet, les nuages qui couvrent le ciel ressemblent à une toison ; ce bélier est sacrifié, et l’on se dispute ses membres. Voy. section VI, lecture vi, hymne xvi, stance 12.
  5. Ces deux divinités sont Vâyou et le Soleil, dont l’un chasse les nuages, et l’autre les dissout par sa chaleur.
  6. Ces trois divinités sont Pardjanya (le Nuage), Vâyou et le Soleil, qui donnent successivement à la terre la pluie, la fraîcheur et la chaleur.
  7. Indra ne se repose jamais.
  8. Vasoucra est considéré comme fils d’Indra ; ce dieu est donc le beau-père de l’épouse du Richi.
  9. Dhânâh.