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[Lect. VII.]
INDE. — POÉSIE LYRIQUE.


HYMNE XIII.
Aux Viswadévas, par Cavacha.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Que le (dieu) adorable et chanté par les Dévas arrive à notre secours avec tous les (Marouts) impétueux. Avec de pareils amis puissions-nous être comblés de biens ! Puissions-nous triompher de tous les maux !

2. Le mortel, qui recherche la fortune, ne peut y arriver que par la voie du sacrifice et avec l’offrande. Qu’il s’adresse (aux dieux) par l’entremise de l’œuvre (sainte), et qu’il choisisse le meilleur moyen de les fléchir.

3. Le sacrifice est préparé. Les Libations diverses, telles que (les ondes) d’un tîrtha[1] (sacré), viennent arroser le resplendissant (Agni). Puissions-nous obtenir le bonheur ! sans être des immortels, puissions-nous en avoir le sort !

4. Que le maître de la richesse, que le (dieu) éternel, surnommé Damoûnas[2], comble les désirs (de l’homme pieux). Que le divin Savitri soit pour lui le père (du bonheur). Que Bhaga, qu’Aryaman se manifestent à lui par des présents de vaches. Que tous les autres dieux se montrent également généreux.

5. Quand les (dieux) puissants et fortunés se rassemblent, que notre (Louange les accueille), comme la Terre accueille les Aurores. Que les Vâdjas prospères viennent à nous, heureux de l’hymne du poëte.

6. Que la Prière du sage, vache antique et féconde, se présente (devant les dieux). Que ces (dieux), chargés de leurs présents, (viennent) ensemble au foyer où les appelle tous (Agni), l’Asoura (divin).

7. Quel est ce bois ? Quel est cet arbre[3] ? C’est celui qui sert à former le Ciel et la Terre, celui dont (Agni) a fait ces deux (divinités) immortelles et secourables. Quant aux Jours et aux antiques Aurores, leur destin est de périr[4].

8. Il n’est rien de supérieur à Agni. Taureau (puissant), il porte le Ciel et la terre. Quand, sous la forme du soleil, ses coursiers le transportent, il fait alors de son propre corps le vase des lustrations (divines).

9. Il couvre au loin la terre de ses rayons. C’est comme une pluie que le vent souffle de divers côtés. L’éclat dont brillent Mitra et Varouna vient d’Agni, qui, tel qu’une forêt embrasée, étend partout ses lueurs.

10. Lorsque la Vache, abandonnée à sa propre garde, et composée de deux parties, dont l’une est fixe, l’autre mobile[5], enfante par suite d’agitations précipitées ; lorsqu’un fils antique naît de ses deux parents au sein de la Samî[6] ; lorsque la Vache (du sacrifice)[7] a reçu (ce fils), que (les prêtres) commencent leurs prières !

11. Les Dévas ont dit à Canwa, leur enfant : « Syâva[8] doit recevoir les mets de l’offrande. » Sur le noir (Syâva) on a répandu (le lait) de la mamelle brillante. Aucun autre (que Canwa) n’a mieux servi Rita.


HYMNE XIV.
Aux Viswadévas, par Cavacha.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Les deux (coursiers d’Indra) s’avancent au milieu de l’œuvre du sage. Ils viennent avec les dieux prendre place auprès des Dévas. Indra aime la double offrande (de la louange et de l’holocauste), quand il goûte notre jus de soma.

2. Ô Indra, que célèbrent tous les hommes, tu remplis de ta lumière les mondes célestes comme les mondes terrestres. Que tes coursiers, qui t’amènent au sacrifice, ménagent tes (serviteurs), qui te louent et qui sont pauvres de biens.

3. Voilà qu’(Agni) naît du sein de ses deux parents. Qu’Indra se plaise à voir le plus beau (des dieux). (La Flamme), épouse fortunée, accueille avec un doux murmure (Soma), son époux. Leur union se consomme avec éclat et magnificence.

4. Orne de tes feux cette brillante demeure, où sont venues siéger les Vaches (de la prière). Fidèles à l’ordre de leur mère antique et sacrée, les sept fils de la Louange[9] se sont assemblés.

5. Pour vous, l’incomparable Agni se distingue

  1. Lieu de réunion pieuse, auprès d’un étang sacré, ou sur les bords d’une rivière sainte.
  2. Voy. page 122, col. 1, note 1.
  3. Je suppose que cette interrogation se rapporte au bois du foyer, sur lequel repose Agni.
  4. Le commentaire donne au mot djaranta un tout autre sens : il le traduit par stouvanti.
  5. Ceci est la description de l’Aranî.
  6. La Samî (Acacia suma) et l’Aswattha (Ficus religiosa) sont les deux bois dont se compose l’Aranî.
  7. Cette vache, c’est le foyer.
  8. Ce mot signifie noir : c’est un nom d’Agni. C’est aussi le nom d’un Richi.
  9. Nous savons que les Tchhandas ou mètres sacrés sont au nombre de sept.