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[Lect. VIII.]
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RIG-VÉDA. — SECTION SEPTIÈME.


HYMNE IX.
Aux Aswins, par Souhastya, fils de Ghochâ.
(Mètre : Djagatî.)

1. Ô Nâsatyas, nous appelons par nos hymnes, au lever de l’Aurore, ce char du sacrifice, qui vous est commun, qui sur ses trois roues parcourt (le monde), (char) désiré qu’accompagnent nos chants et qui s’approche de nos libations.

2. Ô Nâsatyas, vous montez sur ce char que votre coursier amène le matin, et qui apporte le miel (de vos présents). Ô vaillants Aswins, vous visitez sur ce char le peuple qui vous honore et le chantre qui vous présente l’offrande.

3. Ô Aswins, si vous ne dédaignez pas le prêtre Souhastya, dont la main porte le miel de la libation, ni le gardien d’Agni, digne du nom de Damoûnas[1] et chargé du puissant ghrita, si vous aimez les sacrifices du sage, venez à nos douces offrandes.


HYMNE X.
À Indra, par Crichna, fils d’Angiras.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Tel que l’archer qui lance au loin sa flèche, ou tel que l’homme qui prépare des guirlandes, offre ton hymne à Indra. Ô sages, par vos chants couvrez la voix de l’ennemi. Ô chantre, fais qu’Indra s’arrête près de notre soma.

2. Ô chantre, songe à traire la Vache (du sacrifice) ; éveille Indra, notre ami et l’amant (de l’Aurore)[2]. Ce héros est magnifique en richesses. Répands sur nous son trésor.

3. Pourquoi donc, ô Maghavan, t’a-t-on donné le renom de générosité ? Prouve-moi ta munificence, toi que j’entends vanter. Ô Sacra, que ma prière ne soit point stérile. Ô Indra, montre-toi à nous tel que l’opulent Bhaga.

4. Ô Indra, les guerriers, sur le champ de bataille, t’invoquent également des deux côtés. Mais tu ne deviens l’allié que de celui qui t’offre l’holocauste : un héros tel que toi n’est point l’ami de l’impie.

5. Si, dès le matin, un (mortel) chargé d’offrandes verse en son honneur de nombreuses coupes de soma, de même qu’on donne (à un Richi) de nombreux troupeaux, (Indra) triomphe pour lui de ses ennemis, redoutables par leurs forces et par leurs armes ; il frappe Vritra.

6. Nous adressons nos hymnes à Indra ; il exauce nos vœux. L’ennemi, même éloigné, doit le craindre. Maghavan courbe devant lui les forces des nations.

7. Ô Indra, que le monde implore, éloigne l’ennemi avec ta foudre terrible. Donne-nous de l’orge et des vaches. Fais que la prière du chantre lui procure une heureuse abondance.

8. Des torrents de soma extraits de nos mortiers, d’innombrables offrandes, sont venus honorer le magnifique Indra ; car il protége (l’homme) généreux ; il donne la prospérité à celui qui verse la libation.

9. La victoire est pour lui un jeu. Qu’il renverse l’ennemi ; et, tel que le chasseur, qu’il nous distribue son butin après le triomphe. (Indra) couvre de ses richesses celui qui honore les dieux et ne ménage point ses offrandes.

10. Ô (Dieu) que le monde implore, puissions nous par le nombre de nos vaches surmonter la pauvreté malheureuse ; par la quantité de notre orge, la rigueur de la faim I Puissions-nous par notre force et le secours (de ces protecteurs) royaux obtenir les plus beaux des biens !

11. Que Vrihaspati nous défende contre le méchant du côté de l’occident, du septentrion, du midi ! Qu’Indra, notre ami, envoie la richesse à ses amis du côté de l’orient et par la région mitoyenne !


HYMNE XI.
À Indra, par Crichna.
(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. Mes Prières fortunées, avides de voir Indra, se sont présentées devant lui. Toutes ensemble, elles le louent ; elles appellent à leurs secours le brillant Maghavan, semblables à des épouses qui embrassent leur mari.

2. (Dieu) puissant, que le monde implore, mon âme ne peut se détacher de toi. En toi est mon désir. Tel qu’un roi, viens siéger sur le gazon (sacré), et te désaltérer avec notre soma.

3. Indra éloigne la pauvreté et la faim. Maghavan est le maître de la richesse et de l’opulence. Les sept torrents lancés du ciel par ce robuste taureau répandent l’abondance.

  1. Voy. page 122, col. 1, note 1.
  2. Le mot djâra est entendu par le commentateur comme signifiant destructeur des êtres (bhoûtânâm djârayitri).