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[Lect. I.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

5. Ô (dieu) qui portes le tonnerre, tu as ouvert la caverne où Bala tenait renfermées les vaches (célestes) ; les dieux sont venus vers toi, rassurés contre la crainte qu’ils avaient éprouvée.

6. (Dieu) guerrier, pour obtenir tes dons, je m’approche avec des libations et des hymnes. Devant toi, qui mérites nos louanges, se présentent de fidèles serviteurs : qu’ils connaissent ce que tu peux.

7. Par ta (secourable) magie, ô Indra, tu as donné la mort au magicien Souchna[1]. Que les hommes sages connaissent ta puissance ; daigne élever leur fortune.

8. Que les hymnes célèbrent Indra, fort et souverain ; Indra, dont les bienfaits ne peuvent pas se compter.

HYMNE XII.

À Indra, par Médhatithi, fils de Canwa.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Nous prenons (pour l’objet de nos chants) Agni, le messager (des dieux), le sacrificateur en qui sont tous les biens, le prêtre qui accomplit l’œuvre sainte.

2. C’est Agni que, dans leurs invocations, les hommes appellent sans cesse, Agni le maître du peuple, le ministre des holocaustes, l’ami du monde.

3. Agni, toi qui viens de naître (de l’aranî)[2], amène ici les dieux sur ce cousa choisi ; tu es pour nous un sacrificateur digne d’éloges.

4. Agni, éveille les dieux avides (de nos sacrifices) ; va leur porter cette nouvelle, et reviens avec eux t’asseoir sur le cousa.

5. Toi que nous appelons par nos libations de beurre, brillant Agni, brûle nos ennemis alliés avec les Râkchasas[3].

6. C’est avec Agni que s’enflamme Agni[4], jeune et sage, gardien du foyer domestique, ministre des holocaustes ; sa bouche est le vase[5] (qui reçoit nos offrandes).

7. Célèbre, au milieu de la cérémonie sainte, Agni, dieu sage, fidèle au devoir et à la vérité, destructeur du mal.

8. Divin Agni, messager des dieux, sois le protecteur du (père de famille) qui t’honore par ses holocaustes.

9. (Dieu) purificateur, donne la joie à cet (homme pieux) qui, pour le service des dieux, s’approche de toi avec l’holocauste.

10. Agni, purificateur et resplendissant, appelle ici les dieux vers notre holocauste et notre sacrifice.

11. Célébré par un hymne nouveau, procure-nous la richesse, l’abondance, et une race vigoureuse.

12. Agni, toi qui brilles d’un éclat pur, toi que nous invoquons dans toutes les prières adressées aux dieux, accueille avec faveur l’hymne que nous te consacrons.

HYMNE XIII.

Aux Apris[6], par Médhatithi.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Agni, (surnommé) Sousamiddha[7], amène pour nous les dieux vers celui qui offre l’holocauste : prêtre et sacrificateur, consomme le sacrifice.

2. Sage (divinité, qu’on nomme) Tanoûnapât[8], fais aujourd’hui agréer aux dieux notre sacrifice ; qu’il leur soit aussi doux que le miel !

3. J’invoque ici, dans cette assemblée, (celui

  1. Souchna est le nom d’un Asoura. Ce mot signifie desséchant. Par le mot magie, il faut entendre l’art avec lequel il crée ces apparences physiques qui séduisent nos yeux.
  2. Deux pièces de bois composent l’aranî, et du frottement de ces deux pièces de bois on tire le feu du sacrifice.
  3. Esprits immondes, ennemis des dieux et des hommes
  4. Ce passage doit faire allusion à la distinction des feux, qui sont au nombre de trois : Ahavanîya ou feu du sacrifice, Gârhapatya ou feu domestique, et Dakchina ou feu placé du côté du sud.
  5. Djouhoû est un vase de bois en forme de croissant. Je crois qu’ici ce mot s’emploie pour le vase du foyer même, qui est de terre.
  6. Cet hymne est consacré à une classe de divinités nommées Apris : ce sont des formes du dieu Agni, et des personnifications divines des choses qui concourent au sacrifice. Les ler, 2e, 3e, 4e, 10e et 11e distiques sont consacrés à Agni, sous les noms de Sousamiddha, Tanoûnapât, Narâsansa, Ilita, Twachtri, Vanaspati. Le 5e distique célèbre le gazon sacré ; le 6e, les portes de l’enceinte du sacrifice ; le 7e, la nuit et l’aurore ; le 8e, deux divinités qui doivent présider au sacrifice ; le 9e, Ila, Saraswatî et Bhârati, c’est-à-dire la poésie, l’éloquence et la déclamation ; le 12e, la Swâhâ, ou exclamation employée au moment de l’holocauste. Ces êtres ainsi divinisés deviennent comme les ministres du sacrifice offert en l’honneur d’une divinité principale : en cette qualité, ils portent le nom de Dévas.
  7. C’est-à-dire : bien enflammé.
  8. Ce mot Tanoûnapât reçoit plusieurs explications. Comme le mot napât ne peut guère s’expliquer, partout où je le vois, que par le sens d’enfant, de petit-fils, je conçois que le mot Tanoûnapât s’entende par enfant de son corps. Agni naît et vit aux dépens du bois, qui est comme son corps. Un autre sens qu’on lui donne est destructeur de son propre corps. Je crois devoir éloigner le sens de destructeur, qu’on donne à napât.