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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

3. Dans la même journée, trois fois vous daignez couvrir nos fautes du voile (de l’indulgence) ; trois fois aujourd’hui versez une douce rosée sur notre sacrifice ; trois fois, ô Aswins, le soir, (à midi) et le matin, recevez nos offrandes, et faites-les fructifier pour nous.

4. Trois fois visitez notre demeure, venez trois fois vers des hommes pieux, trois fois vers des hommes dignes de votre protection ; faites-leur sentir trois fois votre présence. Apportez-nous trois fois l’heureux fruit de nos sacrifices ; ô Aswins, trois fois répandez sur nous l’abondance, telle qu’une pluie féconde.

5. Ô Aswins, trois fois amenez-nous la richesse ! Venez trois fois partager le sacrifice destiné aux dieux. Trois fois agréez nos prières. Trois fois nous vous demandons le bonheur, trois fois la nourriture. Trois fois la fille du soleil[1] monte sur votre char à trois roues.

6. Ô Aswins, trois fois vous nous donnez les médicaments célestes, trois fois les médicaments terrestres, trois fois aussi les médicaments qui viennent des eaux[2]. Maîtres de la prospérité, donnez à mon fils[3] la fortune de Samyou[4] ; (donnez-lui) cette santé qui résulte de l’harmonie des trois humeurs (corporelles)[5].

7. Trois fois par jour, ô Aswins, amis de nos sacrifices, venez vous asseoir sur notre cousa, attaché par un triple lien. Trois fois, ô (dieux) véridiques, de la région lointaine[6] (qui vous possède), accourez, sur votre char, vers ces trois (autels dressés par nous)[7] ; soyez comme le souffle vital qui anime les corps.

8. Ô Aswins, (venez) trois fois avec ces ondes qui sont les mères des sept rivières[8]. Trois coupes (sont disposées pour vous) ; trois fois l’holocauste doit avoir lieu. Au-dessus des trois mondes, vous poursuivez votre carrière, et, les jours comme les nuits, vous gardez la voûte céleste.

9. Où sont les trois roues sur lesquelles votre char roule (dans les trois mondes)[9] ? où sont les trois sièges unis ensemble ? Quand voulez-vous, ô (dieux) véridiques, atteler à votre char cet âne robuste, qui vous amène au lieu du sacrifice ?

10. (Dieux) véridiques, approchez : voici le moment de l’holocauste. Mouillez vos lèvres avides à ce doux breuvage. Avant l’aurore, Savitri amène au feu du sacrifice votre char magnifique, et tout brillant de notre beurre sacré.

11. Ô Aswins, (dieux) véridiques, venez avec les trente-trois dieux[10] goûter ici de nos douces libations. Prolongez notre vie, détruisez nos péchés, écartez nos ennemis, et restez toujours avec nous.

12. Ô Aswins, sur votre char qui parcourt les trois mondes, apportez avec vous la richesse ; (donnez-nous) une forte lignée. Je vous implore ; écoutez-moi, venez à notre secours, et dispensez-nous l’abondance et la prospérité.


HYMNE III.

À Agni et autres dieux, par Hiranyastoûpa.

(Mètres : Trichtoubh et Djagatî.)

1. J’invoque d’abord Agni, et lui demande sa bénédiction. J’appelle à notre aide Mitra et Varouna. J’invoque la nuit qui enveloppe le monde : je demande le secours du divin Savitri.

2. Le divin Savitri, revenu vers nous sous sa face ténébreuse[11], établit chacun à son poste, dieux et mortels. Il apparaît sur son char d’or, et de son regard embrasse les mondes.

3. Le dieu, ami de nos sacrifices, suivra deux routes, l’une ascendante, l’autre descendante ; il arrive, traîné par deux chevaux brillants. Le divin

  1. L’Aurore. Cependant ce pourrait être la Nuit, qui, succédant au Jour, peut être considérée comme la fille du Soleil.
  2. Jusqu’à quel point ces trois espèces de médicaments n’auraient-ils point de rapport avec les trois espèces de biens dont parle le vers 5, lecture ii, hymne 8 ?
  3. Ou bien : à celui pour qui je fais des libations ; car le mot soûnou a ces deux sens.
  4. Samyou, fils de Vrihaspati, est le type du bonheur. Ce mot signifie heureux.
  5. Ce sens est celui du commentaire ; mais on peut en trouver un tout autre. Ces mots signifient tout simplement : triplex auxilium ferte. Les trois humeurs du corps, suivant le système indien, sont le vâta, le pitta et le slechman, l’air, la bile et le phlegme.
  6. Le mot parâvatas me semble désigner la région qui est de l’autre côté de l’horizon, du côté opposé à celui où nous sommes.
  7. Ce sens est entièrement donné par le commentateur, qui suppose qu’il est ici question des trois Védis, désignés par les noms d’Echtica, de Pâsouca et de Sômica.
  8. Voy. lecture ii, note 3, col. 1, page 21. Ces sept rivières peuvent être aussi les sept espèces d’offrandes.
  9. Explication du commentaire.
  10. Ces trente-trois dieux sont, dit-on, les douze Adityas, les huit Vasous, les onze Roudras et les deux Aswins.
  11. L’opinion indienne est que le soleil ne quitte pas le ciel, mais qu’arrivé à l’occident avec une face lumineuse, il retourne par la même route à l’orient avec une face ténébreuse ; ce que l’auteur exprime par l’idée de rayons noirs, crichna radjas.