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[Lect. III.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

pas à celle d’un mortel qui ne sait que tromper.

3. (Dieux) puissants, vous renversez ce qui est solide, vous soulevez ce qui est lourd ; et c’est ainsi que vous enlevez les arbres de la forêt ou les flancs de la montagne.

4. Partout vainqueurs, on ne vous connaît d’ennemis ni par delà le ciel, ni sur la terre. Enfants de Roudra, que votre force soit puissante par la concorde, et la victoire vous est assurée.

5. Ils ébranlent les montagnes, ils arrachent les rois de la forêt. Ô dieux Marouts, toute votre troupe s’élance, comme si l’ivresse exaltait vos esprits.

6. À vos chars vous avez attelé des daims ; l’avant-train de ces chars est rouge. La terre entend le bruit de votre approche, et les mortels ont frémi.

7. Compagnons de Roudra, nous implorons votre prompt secours en faveur de notre famille. Venez-nous en aide, et (protégez) un Canwa tremblant, comme vous l’avez fait autrefois.

8. Suscité par votre colère ou par la vengeance de quelque mortel, un (ennemi) puissant nous attaque. Privez-le de tout aliment, de toute vigueur, des secours qu’il attend de vous.

9. Dieux prudents et dignes de nos sacrifices, vous avez accordé toute votre protection à Canwa. Accordez-nous aussi, ô Marouts, tous vos secours ; soyez avec nous, comme l’éclair est avec la pluie.

10. (Dieux) pleins de libéralité et de force, vous possédez toute la vigueur, toute la puissance (désirable). Marouts, à l’ennemi passionné de votre poëte, envoyez, comme une flèche, un ennemi (qui le frappe).


HYMNE VIII.

À divers dieux, par Canwa.

(Mètre : Vrihatrî.)

1. Lève-toi, Brahmanaspati[1]; pleins de dévotion, nous venons à toi. Que les Marouts s’approchent avec leurs riches trésors ; et toi, Indra, sois présent, et prends ta part (de nos libations).

2. Ô fils de la force[2], le mortel t’honore pour obtenir les richesses qu’il désire. Marouts, que l’homme qui vous célèbre soit par vous riche en famille et en chevaux !

3. Vienne Brahmanaspati ! vienne la déesse de la parole sainte[3] ! Que les Dévas rendent notre sacrifice puissant, utile aux hommes, et parfait !

4. Il possède une richesse impérissable, (le dieu) qui se montre magnifique envers son panégyriste. C’est pour ce dieu que nous appelons à notre sacrifice Ilâ[4] qui est forte, victorieuse et invulnérable.

5. Brahmanaspati commence[5] une prière mélodieuse, dans laquelle ont une place Indra, Varouna, Mitra, Aryaman, tous les dieux.

6. Prononçons-la donc, dans nos sacrifices, cette prière qui donne le bonheur, et qui est si puissante. Et si vous pouvez vous complaire en nos vœux, dieux forts, que notre hymne tout entier arrive jusqu’à vous !

7. Quel dieu ne viendrait pas au secours de l’homme religieux, au secours de l’homme qui lui a préparé un lit de cousa ? (Voyez ce) père de famille qui se présente avec les prêtres ; sa maison est riche, son intérieur est fortuné.

8. Qu’il possède la puissance[6] ! Aidé de ses royaux protecteurs, (je le vois) abattre ses ennemis, et au milieu de la terreur (du combat) conserver dignement son poste. Il est comme armé de la foudre ; et dans aucune affaire, ni grande ni petite, il ne connaît ni supérieur ni vainqueur.


HYMNE IX.

Aux Adityas, par Canwa.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. L’homme que protègent les (dieux) sages, Varouna, Mitra, Aryaman, est promptement vainqueur (de ses ennemis).

2. Il croît à l’abri des attaques de ses adversaires, celui que les dieux défendent, et dont ils sont comme le bras protecteur.

3. Ces royaux amis ouvrent devant leurs favoris les routes embarrassées, et renversent leurs antagonistes ; ils détruisent l’effet de nos fautes.

4. Ô Adityas, pour venir au feu de notre sacrifice, la route est facile et sans obstacles. Votre

  1. Voy. lecture i, note 1, col. 1, page. 10.
  2. Nous ne ferons plus d’observation sur cette locution connue du lecteur, et qui se rapporte aux efforts que l’on fait pour extraire le feu de l’aranî. Voy. lecture ii, note 1, col. 12. page 16.
  3. Saraswatî ou Ilâ, appellée ici Sûnritâ. Voy. lecture i, note 1, col. 1, page 3.
  4. Le mot Ilâ est pris ici, par le commentateur, pour le nom de la fille de Manou. Voy. lecture ii, note 3, col. 2, page 19. Je crois qu’il est question de la déesse Ilâ ou Saraswatî.
  5. Le poëte suppose que c’est Agni lui-même qui fait la prière par la bouche du prêtre, hotrimoukhésthitah.
  6. Le commentateur fait rapporter toute cette strophe à Brahmanaspati. Les royaux protecteurs ici mentionnés, ce sont les Adityas.