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[Lect. IV.]
INDE. - POÉSIE LYRIQUE.

lui-même qu’il trouve sa force, ce maître glorieux qui est notre vie[1], notre défense, notre bienfaiteur, et que, sur un char, emportent rapidement ses deux coursiers.

4. Tu as ébranlé les larges plaines du ciel ; ta main victorieuse a frappé Sambara[2], et sur ces orgueilleux magiciens, insolemment conjurés contre nous, tu as lancé ta foudre, arme rayonnante et acérée.

5. Sur la tête de Souchna, qui souffle la sécheresse et s’unit (à ses frères pour notre ruine), tu abats avec bruit les eaux. Toi, dont le conseil ferme et protecteur exécute tant de choses, pourrais-tu trouver un vainqueur ?

6. C’est toi qui as sauvé Narya[3], Tourvasa[4] et Yadou[5], ô Satacratou ! toi qui (as défendu) le Vayya Tourvîti[6] ; toi qui as, au moment du combat, (protégé) Étasa[7] qu’emportait un char léger ; c’est toi qui as détruit quatre-vingt-dix-neuf[8] villes (des Asouras).

7. Il travaille au bonheur de sa nation, le prince ami de la vertu qui, en l’honneur d’Indra, présente l’holocauste et l’hymne sacré, ou qui accompagne la prière de riches offrandes. Le généreux Indra lui envoie la pluie du haut du ciel.

8. La force (de ce dieu) est incomparable, ainsi que sa prudence. Qu’ils voient leurs œuvres prospérer, ô Indra, ceux qui t’honorent par l’offrande du soma, et doublent par leur piété ta grandeur et ta force puissante.

9. C’est pour toi, Indra, que sont préparées ces libations copieuses qui ont jailli dans le mortier sous les coups du pilon, et qui reposent dans ces vases. Viens te désaltérer, satisfais ton désir, et comble ensuite nos vœux en nous accordant la richesse.

10. Autour des flancs de Vritra s’étendait une montagne noire qui arrêtait l’essor des eaux. Ces ondes prisonnières, dont la longue chaîne se prolongeait au loin, Indra les a, sur les pentes (du ciel), précipitées en torrents.

11. Ô Indra, accorde-nous le bonheur avec la gloire ; que notre force soit assez grande pour résister à nos ennemis. Conserve-nous riches et puissants. Que par toi nous ayons des richesses, de la famille, des aliments.


HYMNE IX.

À Indra, par Savya.

(Mètre : Djagatî.)

1. Indra est plus étendu que le ciel, plus grand que la terre. Terrible et fort, en faveur des hommes il s’enflamme, et, tel que le taureau qui aiguise ses cornes, il affile son trait foudroyant.

2. Océan aérien, il est comme la mer et reçoit dans son sein les vastes torrents du ciel. Indra, pour prendre part à nos libations, accourt avec l’impétuosité du taureau, toujours prêt à prouver sa force dans le combat pour mériter nos louanges.

3. Ô Indra, ce n’est pas pour toi que le nuage grossit comme une montagne. (Tu le frapperas en notre faveur.) Tu es le roi de ceux qui possèdent l’opulence. Dieu puissant, c’est par des coups d’éclat qu’il nous apparaît, redoutable et disposé à toute espèce d’attaque.

4. Il aime l’hymne que lui adressent les pieux (solitaires) de la forêt, et par ses exploits il se fait reconnaître des mortels. C’est quand le noble Maghavan reçoit l’hommage de nos hymnes que son cœur est flatté, et que, par ses largesses, il répond aux vœux de son serviteur.

5. Soutien des mortels, avec une sainte vigueur il livre pour eux de grands combats. Aussi les mortels ont foi dans le brillant Indra, qui frappe (leurs ennemis) d’un trait mortel.

6. Ami de la louange, de plus en plus ferme et vigoureux, il détruit les demeures fondées (par les Asouras) ; il empêche les splendeurs célestes d’être voilées, et, pour le bonheur de celui qui offre le sacrifice, il fait descendre la pluie.

7. Ô toi qui aimes le soma et qui écoutes nos hymnes avec plaisir, dispose ton âme à la libéralité. Dirige de ce côté tes deux coursiers. Ceux que tu protèges, ô Indra, sont parmi les écuyers les plus habiles à conduire un char. Ni la ruse,

  1. Indra porte ici le nom d’Asouva.
  2. Asoura, déjà nommé.
  3. Nom d’un prince.
  4. Voy. lecture iii, note 2, col. 1, page 65.
  5. Voy. lecture iii, note 2, col. 1, page 65.
  6. Voy. lecture iii, note 2, col. 1, page 63. Le commentaire dit que Tourvîti était de la famille des Vayyas.
  7. Deux sens sont présentés pour ce passage par le commentateur. Étasa est le nom d’un Richi, qui, porté sur son char, échappe au danger ; ou bien, Indra aurait, dans un combat, sauvé les chars et les chevaux des princes plus haut nommés ; car le mot étasa signifie cheval. J’ai choisi le premier sens : on retrouve ailleurs ce personnage d’Étasa. Il eut une querelle et par suite un combat avec Soûrya, fils de Swaswa, lequel, désirant un fils, fit un sacrifice au Soleil, et obtint que ce dieu s’incarnerait dans son enfant. Étasa fut, dans cette circonstance, protégé par Indra.
  8. C’est le même nombre de milliers que celui qui a été mentionné plus haut, au vers 9 de l’hymne 7. C’est aussi le nombre des torrents formés par la pluie, lecture II, hymne 13, vers 1.