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[Lect. IV.]
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RIG-VÉDA. — SECTION PREMIÈRE.

caustes, les autres qui n’ont que des vœux. Précédant la lumière du ciel, (Agni) prend place, sacrificateur vénérable et roi des hommes, sagement libéral au milieu d’eux.

3. Puisse cet hymne nouveau parvenir jusqu’à ce dieu qui naît sous notre souffle, et dont la langue est adoucie par nos libations ! lui qu’au moment du sacrifice les prêtres, enfants de Manou, viennent engendrer, et honorent de leurs présents.

4. (Dieu) avide de nos libations, refuge des humains, purificateur, pontife excellent, Agni a été placé parmi les hommes ; il dompte nos ennemis, il protège nos demeures. Dans l’asile domestique (que nous lui avons donné), qu’il soit (pour nous) le maître de la richesse !

5. Enfants de Gotama[1], nous te célébrons par nos hymnes, ô Agni, maître de la richesse. Nous te chargeons de nos offrandes, comme un coursier qui doit les transporter (fidèlement). Que, dès le matin, notre protecteur vienne recueillir le trésor de notre prière.


HYMNE XV.

À Indra, par Nodhas.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. À ce (dieu) grand, puissant et rapide ; à cet Indra, digne de nos louanges ; à ce maître insurmontable, j’offre l’hommage de mon hymne et l’abondant tribut de mes prières. Que ce soit pour lui comme un mets (agréable) !

2. Oui, telle qu’un mets agréable, je lui présente cette pure invocation, dont la vertu est de donner la victoire ; (les poètes dévoués) à Indra de cœur, d’âme et d’esprit, en l’honneur de ce maître antique, embellissent la prière.

3. Ma bouche chante un hymne qui représente le tableau de ses bienfaits ; je voudrais, par la brillante expression de mes pensées, obtenir la faveur de ce maître magnifique, et ajouter quelque chose à sa grandeur.

4. Pour lui je prépare un hymne, comme l’ouvrier (fabrique) un char pour (le maître) qui l’a commandé. (Je lui offre) des paroles, à lui dont les paroles exaltent la gloire ; (j’offre) au sage Indra des chants poétiques qui soient puissants sur son âme.

5. Ce que l’appât de la nourriture est pour le coursier, la coupe du sacrifice l’est pour mon hymne ; (il se sent plus d’ardeur) à chanter Indra. Je veux célébrer ce (dieu) héroïque, magnifique dans ses dons, objet de nos pieuses louanges, et destructeur des villes (des Asouras).

6. Twachtri[2] a pour ce dieu guerrier fabriqué un trait fameux par ses œuvres ; et, de cette arme redoutable, ce maître actif et puissant a percé les membres de Vritra.

7. Dès l’instant que, dans les sacrifices qui lui sont offerts par le noble seigneur ici présent, (Indra) a touché les libations et les mets sacrés, aussitôt le (dieu) puissant s’empare du (nuage), noir sanglier que les vapeurs ont gonflé ; il le pénètre, et le transperce de sa foudre.

8. Joyeuses de la mort d’Ahi, les épouses des dieux[3] ont chanté Indra, qui embrasse le ciel et la terre, tandis que le ciel et la terre ne peuvent égaler sa grandeur.

9. Car il est plus étendu que le ciel, la terre et l’air[4] ; roi par lui-même, héros digne de toutes les louanges, puissant rival de rivaux puissants, au sein de son empire, Indra se présente au combat.

10. Vritra dessèche (la terre) ; de sa foudre puissante Indra le frappe ; et, répondant aux vœux (du père de famille) qui offre le sacrifice, (il ouvre la nue) : telles que des vaches prisonnières, les (ondes) salutaires obtiennent leur délivrance.

11. Quand, sous les coups du tonnerre, il ébranle tout autour de lui, les ondes, à ses lueurs éblouissantes, se sont agitées de plaisir. Maître généreux, en faveur de Tourvîti[5], son serviteur, il a fait subitement surgir un gué au milieu des eaux.

12. Maître incomparable, hâte-toi de lancer ta foudre sur Vritra. Tels que les flancs d’une vache immolée, partage entre nous avec ton arme les membres du nuage, et fais couler des torrents de pluie.

13. (Poëte), chante les anciens exploits de (ce dieu) rapide. Il est digne de tes louanges lorsque, dans le combat, il lance de loin ses traits, et se précipite pour frapper de près ses ennemis.

14. Indra paraît, et, de crainte, les montagnes les plus solides, et le ciel, et la terre, ont tremblé. Occupé à répéter l’éloge de ce dieu bon et secourable, que Nodhas sente à tout moment renouveler ses forces.

15. C’est pour lui qu’a été composé cet hymne (au nom des fidèles) ici présents. Puisse cet hymne

  1. Autre sage, dont les enfants ont formé une famille sacerdotale.
  2. Voy. page 48, col. 1, note 5.
  3. Voy. page 48. col. 2, note 4.
  4. Ce sont là les trois mondes, dit le commentateur.
  5. Voy. page 65, col. 1, note 2.