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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/154

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CHAPITRE VII

CRITIQUE INTERNE NÉGATIVE DE SINCÉRITE
ET D’EXACTITUDE

I. L’analyse et la critique positive d’interprétation n’atteignent que le travail d’esprit intérieur de l’auteur du document et ne font connaître que ses idées. Elles n’apprennent directement rien sur les faits extérieurs. Même quand l’auteur a pu les observer, son texte indique seulement comment il a voulu les représenter, non comment il les a réellement vus, et encore moins ce qu’ils ont réellement été. Ce qu’un auteur exprime n’est pas forcément ce qu’il croyait, car il peut avoir menti ; ce qu’il a cru n’est pas forcément ce qui existait, car il peut s’être trompé. Ces propositions sont évidentes. Cependant un premier mouvement naturel nous porte à accepter comme vraie toute affirmation contenue dans un document, ce qui est admettre implicitement qu’aucun auteur n’a menti ou ne s’est trompé ; et il faut que cette crédulité spontanée soit bien puissante, puisqu’elle persiste malgré l’expérience quotidienne qui nous montre des cas innombrables d’erreur et de mensonge.

La pratique a forcé les historiens à réfléchir en les mettant en présence de documents qui se contredisaient les uns les autres ; dans ce conflit il a bien fallu