Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/218

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différences sont enfermées entre les limites des conditions générales de la vie humaine ; elles ne sont que des variétés de certaines façons d’agir ou d’être, communes à toute l’humanité ou du moins à la grande majorité des hommes. On ne sait pas d’avance quel gouvernement ou quelle langue aura eu un peuple historique ; c’est l’affaire de l’histoire d’établir ces faits. Mais d’avance et pour tous les cas on prévoit que le peuple aura eu une langue et un gouvernement.

En dressant la liste des phénomènes fondamentaux qu’on peut s’attendre à trouver dans la vie de tout homme et de tout peuple, on obtiendra un questionnaire universel, sommaire, mais suffisant pour classer la masse des faits historiques en un certain nombre de groupes naturels, dont chacun formera une branche spéciale d’histoire. Ce cadre de groupement général fournira l’échafaudage de la construction historique.

Le questionnaire universel ne porte que sur les phénomènes habituels ; il ne peut pas prévoir les milliers de faits locaux ou accidentels qui forment la vie d’un homme ou d’une nation ; il ne suffira donc pas à poser toutes les questions auxquelles l’historien doit répondre pour donner le tableau complet du passé. L’étude détaillée des faits exigera l’emploi de questionnaires plus détaillés, différents suivant la nature des faits, des hommes ou des sociétés à étudier. Pour les dresser on peut commencer par noter les questions de détail qu’aura suggérées la lecture même des documents ; mais il faudra, pour classer ces questions — souvent même pour en compléter la liste, — recourir au procédé du questionnaire méthodique. Parmi les espèces de faits, les personnages, les sociétés bien connus (soit par l’observation directe, soit par l’histoire), on cherchera ceux qui ressemblent aux faits, au personnage, à