Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/225

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sont taillées suivant le même principe et les faits sont rangés par ordre de temps, de lieux ou de groupes. — Quant au triage des faits à mettre dans ces cadres, il s’est longtemps opéré sans aucun principe fixe ; les historiens prenaient, suivant leur fantaisie personnelle, parmi les faits qui s’étaient produits dans une période, un pays ou une nation, tout ce qui leur semblait intéressant ou curieux. Tite-Live et Tacite, pêle-mêle avec les guerres et les révolutions, racontaient les inondations, les épidémies et la naissance des monstres.

Le classement d’après la nature des faits s’est introduit très tard, lentement et d’une façon incomplète ; il est né hors de l’histoire dans les branches spéciales d’études de certaines espèces de faits humains, langue, littérature, arts, droit, économie politique, religion, qui ont commencé par être dogmatiques et sont peu à peu devenues historiques. Le principe de ce classement est de trier et de grouper ensemble les faits qui se rapportent à une même espèce d’actes ; chacun de ces groupes devient la matière d’une branche spéciale d’histoire. L’ensemble des faits vient ainsi se classer dans un casier qui peut être construit a priori en étudiant l’ensemble des activités humaines ; c’est le questionnaire général dont il a été parlé au chapitre précédent.

Le tableau suivant est une tentative de classification générale des faits historiques[1], fondée sur la nature des conditions et des manifestations de l’activité.

  1. La classification de M. Lacombe (De l’histoire considérée comme science, chap. vi), fondée sur les mobiles des actes et les besoins qu’ils sont destinés à satisfaire, est philosophiquement très judicieuse, mais ne répond pas aux besoins pratiques des historiens ; elle repose sur des catégories psychiques abstraites (économique, génésique, sympathique, honorifique, etc.), et