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passé l’espèce d’attrait romantique qui jadis décida, dit-on, la vocation d’Augustin Thierry ; parfois aussi parce que l’on a l’illusion que l’histoire est une discipline relativement facile. Il importe assurément que ces vocations irraisonnées soient au plus tôt éclairées et mises à l’épreuve.

Ayant fait, à des novices, une série de conférences comme « Introduction aux études historiques », nous avons pensé que, moyennant revision, ces conférences pourraient être profitables à d’autres qu’à des novices. Les érudits et les historiens de profession n’y apprendront rien sans doute ; mais s’ils y trouvaient seulement un thème à réflexions personnelles sur le métier que quelques-uns d’entre eux pratiquent d’une manière machinale, ce serait déjà un grand point. Quant au public, qui lit les œuvres des historiens, n’est-il pas à souhaiter qu’il sache comment ces œuvres se font, afin qu’il soit davantage en mesure de les juger ?

Nous ne nous adressons donc pas seulement, comme M. Bernheim, aux spécialistes présents et futurs, mais encore au public qu’intéresse l’his-

    de l’histoire [dans les lycées] n’est pas organisé pour donner pâture suffisante à l’esprit scientifique… De toutes les études comprises dans le programme des lycées, l’histoire est la seule qui n’appelle pas le contrôle permanent de l’élève. Quand il apprend le latin et l’allemand, chaque phrase d’une version est l’occasion de vérifier une douzaine de règles. Dans les diverses branches des mathématiques, les résultats ne sont jamais séparés de leurs démonstrations ; les problèmes, d’ailleurs, obligent l’élève à tout repenser par lui-même. Où sont les problèmes en histoire, et quel lycéen est jamais exercé à voir clair par son propre effort dans l’enchaînement des faits ? » (Bibliothèque de l’École des chartes, 1896, p. 84.)