Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/235

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne prennent pas une forme officielle. C’est une des parties les moins avancées de la construction historique.

IV. Tout ce travail aboutit à dresser le tableau de la vie humaine à un moment donné ; il donne la connaissance d’un état de société (en allemand, Zustand). Mais l’histoire ne se borne pas à étudier des faits simultanés pris au repos (on dit souvent à l’état statique). Elle étudie les états de société à des moments différents et constate entre eux des différences. Les habitudes des hommes et leurs conditions matérielles changent d’une époque à l’autre ; même lorsqu’elles semblent se conserver, elles ne restent pas exactement pareilles. Il y a donc lieu de rechercher ces changements ; c’est l’étude des faits successifs.

De ces changements les plus intéressants pour la construction historique sont ceux qui se produisent dans un même sens[1], de façon que par une série de différences graduelles, un usage, ou un état de société se transforme en un usage ou un état différents, ou pour parler sans métaphore, que les hommes d’un temps pratiquent une habitude très différente de leurs devanciers sans avoir traversé de changement brusque. C’est l’évolution.

L’évolution se produit dans toutes les habitudes humaines. Il suffit donc pour la rechercher de reprendre le questionnaire qui a servi à dresser le tableau de la société. Pour chacun des faits, conditions, usages, personnel investi de l’autorité, règles officielles, se pose la question : Quelle a été l’évolution de ce fait ?

L’étude comportera plusieurs opérations : 1o déter-

  1. On n’est pas d’accord sur la place à faire en histoire aux changements en sens inverses, aux oscillations qui ramènent les choses au point de départ.