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un ensemble de faits nombreux, car on ne sait pas très bien dans quelle mesure chacun est nécessaire pour produire le résultat. — La proposition sur la langue du nom d’une ville est trop peu détaillée pour être toujours exacte. Pétersbourg est un nom allemand, Syracuse en Amérique un nom grec. Il faut d’autres conditions pour être sûr que le nom soit lié à la nationalité des fondateurs. Ainsi l’on ne doit opérer qu’avec une proposition détaillée.

2o  Pour que la proposition générale soit détaillée, il faut que le fait historique particulier soit lui-même connu en détail ; car c’est après l’avoir établi qu’on cherchera une loi empirique générale nécessaire pour raisonner. On devra donc commencer par étudier les conditions particulières du cas (la situation de Salamine, les habitudes des Grecs et des Phéniciens) ; on n’opérera pas sur un détail, mais sur un ensemble.

Ainsi dans le raisonnement historique il faut 1o  une proposition générale exacte, 2o  une connaissance détaillée d’un fait passé. — On opérera mal si on admet une proposition générale fausse, si l’on croit, comme Augustin Thierry par exemple, que toute aristocratie a pour origine une conquête. — On opérera mal si l’on veut raisonner à partir d’un détail isolé (un nom de ville). — La nature de ces erreurs indique les précautions à prendre :

1o  Spontanément nous prenons pour base de raisonnement les « vérités de sens commun » qui forment encore presque toute notre connaissance de la vie sociale ; or la plupart sont fausses en partie, puisque la science de la vie sociale n’est pas faite. Et ce qui les rend surtout dangereuses, c’est que nous les employons sans en avoir conscience. — La précaution la plus sûre sera de formuler toujours la prétendue loi