Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/270

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l’autre. C’est l’idée fondamentale de l’Esprit des lois de Montesquieu. Ce lien, appelé parfois consensus, l’école allemande (Savigny, Niebuhr) l’a appelé Zusammenhang. De cette conception est née la théorie du Volksgeist (esprit du peuple), dont une contrefaçon a pénétré depuis quelques années en France sous le nom d’« âme nationale ». Elle est aussi au fond de la théorie de l’âme sociale exposée par Lamprecht.

En écartant ces conceptions mystiques il reste un fait très confus, mais incontestable, c’est la « solidarité » entre les différentes habitudes d’un même peuple. Pour l’étudier avec précision, il faudrait l’analyser, et un lien ne s’analyse pas. Il est donc naturel que cette partie des sciences sociales soit restée le refuge du mystère et de l’obscurité.

En comparant les différentes sociétés de façon à établir par quelles branches se ressemblent ou diffèrent celles qui se ressemblent ou diffèrent par une branche donnée (religion ou gouvernement), on obtiendrait peut-être des constatations empiriques intéressantes. Mais, pour expliquer le consensus, il faut remonter jusqu’aux faits qui le produisent, jusqu’aux causes communes des différentes habitudes. On se trouve ainsi acculé à la nécessité d’aborder la recherche des causes et on entre dans l’histoire dite philosophique, parce qu’elle cherche ce qu’on appelait autrefois la philosophie des faits, c’est-à-dire leurs rapports permanents.

IX. Le besoin de s’élever au-dessus de la simple constatation des faits, pour les expliquer par leurs causes, ce besoin constitutif de toutes les sciences, a fini par se faire sentir même dans l’étude de l’histoire. De là sont nés les systèmes de philosophie de l’histoire et les essais en vue de déterminer des lois ou des causes historiques. Nous devons renoncer à faire ici un examen