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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/283

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première importance. On prit alors l’habitude de joindre au texte, dans les livres d’histoire imprimés, des notes[1]. Les notes ont permis de distinguer du récit historique les documents qui l’étayent, de renvoyer aux sources, de dégager et d’éclaircir le texte. C’est dans les collections de documents et dans les dissertations critiques que l’artifice de l’annotation fut pratiqué d’abord ; il a pénétré de là, lentement, dans les autres ouvrages historiques.

Une seconde période s’ouvre au xviiie siècle. Les « philosophes » conçurent alors l’histoire comme l’étude, non plus des événements pour eux-mêmes, mais des habitudes des hommes. Ils furent amenés par là à s’intéresser, non seulement aux faits d’ordre politique, mais à l’évolution des sciences, des arts, de l’industrie, etc., et aux mœurs. Montesquieu et Voltaire personnifièrent ces tendances. L’Essai sur les mœurs est la première esquisse, et, à quelques égards, le chef-d’œuvre de l’histoire ainsi comprise. On continua de regarder le récit détaillé des événements politiques et militaires comme le fond de l’histoire, mais on prit l’habitude d’y joindre, le plus souvent sous la forme de complément ou d’appendice, une esquisse des « progrès de l’esprit humain ». L’expression « histoire de la civilisation » apparaît avant la fin du xviiie siècle. — En même temps les professeurs d’Université créaient en Allemagne, surtout à Göttingen, pour les besoins de l’enseignement, la forme nouvelle du « Manuel » d’histoire, recueil méthodique de faits, soigneusement justifiés, sans prétentions littéraires ni

  1. Il serait intéressant de déterminer quels sont les plus anciens livres imprimés qui sont munis de notes à la manière moderne. Des bibliophiles, que nous avons consultés, l’ignorent, leur attention n’ayant jamais été éveillée sur ce point.