Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/318

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spéciales », telles que l’École normale supérieure et l’École des chartes.

Le Collège de France était un vestige des institutions de l’ancien régime. Dressé au xvie siècle contre la Sorbonne scolastique pour être l’asile des sciences nouvelles, il avait ce glorieux privilège de représenter historiquement les hautes études spéculatives, l’esprit de libre recherche, et les intérêts de la science pure. Malheureusement, dans le domaine des sciences historiques, le Collège de France avait laissé, jusqu’à un certain point, s’oblitérer sa tradition. Les grands hommes qui enseignaient l’histoire dans cette illustre maison (J. Michelet, par exemple) n’étaient pas des techniciens, ni, à proprement parler, des savants. Leur éloquence agissait sur des auditoires qui n’étaient pas composés d’étudiants en histoire.

Les Facultés des lettres faisaient partie d’un système établi par le législateur napoléonien. Ce législateur ne s’était nullement proposé d’encourager, en créant les Facultés, les recherches scientifiques. Il n’aimait pas beaucoup la science. Les Facultés de droit, de médecine, etc., devaient être, dans sa pensée, des écoles professionnelles qui fourniraient à la société les juristes, les médecins, etc., dont elle a besoin. Mais trois Facultés, sur cinq, ne furent pas, dès l’origine, en mesure de jouer le rôle qui leur était destiné, et qu’ont effectivement rempli les deux autres, Droit et Médecine. Les Facultés de Théologie catholique ne formèrent pas les prêtres dont la société a besoin, parce que l’État avait consenti à ce que l’éducation des prêtres se fît dans les séminaires diocésains. Les Facultés des Sciences et des Lettres ne formèrent point les professeurs de l’enseignement secondaire, les ingénieurs, etc., dont la société a besoin, parce qu’elles