Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/34

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tôt ou tard dans les établissements d’État, dont le propriétaire perpétuel acquiert toujours, n’aliène jamais[1].

En principe, il est désirable que les dépôts de documents (archives, bibliothèques et musées) ne soient pas trop nombreux, et nous avons dit qu’heureusement ils le sont moins, sans comparaison, aujourd’hui qu’il y a cent ans. La centralisation des documents, dont les avantages, pour les travailleurs, sont évidents, pourrait-elle être poussée encore plus loin ? N’existe-t-il pas encore des dépôts dont l’autonomie se justifie mal ? Peut-être[2] ; mais le problème de la centralisation des documents a cessé d’être grave et urgent depuis que les procédés de reproduction ont été perfectionnés, et surtout depuis que l’habitude a été généralement prise de remédier aux inconvénients de la multiplicité des dépôts en faisant voyager les documents : on peut

  1. Une bonne partie des documents anciens qui circulent encore proviennent de vols commis, depuis longtemps, au préjudice des établissements d’État. Les précautions prises pour éviter de nouvelles distractions sont aujourd’hui sérieuses et, presque partout, aussi efficaces que possible.
       Quant aux documents modernes (imprimés), la règle du Dépôt légal, adoptée par presque tous les pays civilisés, en assure la conservation dans des établissements publics.
  2. On sait que Napoléon Ier conçut la pensée chimérique de réunir à Paris les archives de l’Europe entière et qu’il y envoya, pour commencer, celles du Vatican, du Saint-Empire, de la couronne de Castille, etc., que l’on dut, plus tard, restituer. — Il ne saurait être question, aujourd’hui, de procéder à des confiscations. Mais les archives anciennes des notaires pourraient être centralisées partout, comme elles le sont déjà en quelques pays, dans des établissements publics. On ne s’explique pas que, à Paris, les ministères des Affaires étrangères, de la Guerre et de la Marine conservent des papiers anciens, dont la place naturelle serait aux Archives nationales. Il serait facile d’énumérer un grand nombre d’anomalies de cette espèce, qui ne laissent pas, en certains cas, de gêner, sinon d’empêcher, les recherches ; car les petits dépôts dont l’existence est inutile sont précisément ceux qui ont les règlements les plus restrictifs.