Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/47

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l’histoire du bas moyen âge et de l’histoire moderne étant encore inédits ou mal édités, on peut poser en principe que, pour établir aujourd’hui un chapitre vraiment neuf d’histoire médiévale ou moderne, il faut avoir fréquenté longuement les grands dépôts de pièces originales, et en avoir, pour ainsi dire, fatigué les catalogues.

Que chacun choisisse donc avec le plus grand soin le sujet de ses travaux, au lieu de s’en remettre pour cela, purement et simplement, au hasard. Tels sujets ne peuvent être traités, dans l’état actuel des instruments de recherche, qu’au prix de ces énormes dépouillements où l’intelligence et la vie s’usent sans profit ; ils ne sont pas nécessairement plus intéressants que d’autres, et un jour, demain peut-être, par le seul fait des perfectionnements de l’outillage, ils deviendront aisément abordables. Il faut choisir, de propos délibéré, et en connaissance de cause, certains sujets d’études historiques plutôt que d’autres, suivant que certains répertoires de documents et certains répertoires bibliographiques existent ou n’existent pas ; suivant que l’on aime ou que l’on n’aime pas le travail de cabinet ou le travail d’exploration dans les dépôts ; suivant même que l’on a ou que l’on n’a pas les moyens de fréquenter commodément certains dépôts. « Peut-on travailler en province ? » s’est demandé M. Renan au Congrès des Sociétés savantes, à la Sorbonne, en 1889 ; il s’est répondu très sagement : « Une moitié au moins de l’œuvre scientifique peut se faire par le travail de cabinet… Soit la philologie comparée, par exemple : avec une première mise de fonds de quelques milliers de francs, et l’abonnement à trois ou quatre recueils spéciaux, on posséderait tous les outils nécessaires… J’en dirai autant des idées philosophi-