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Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/61

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moins que le bagage préalable de quiconque veut faire en histoire des travaux originaux doit se composer (en dehors de cette « instruction commune », c’est-à-dire de la culture générale, dont parle Daunou) de toutes les connaissances propres à fournir les moyens de trouver, de comprendre et de critiquer les documents. Ces connaissances varient suivant que l’on se spécialise dans telle ou telle section de l’histoire universelle. L’apprentissage technique est relativement court et facile pour qui s’occupe d’histoire moderne ou contemporaine, long et pénible pour qui s’occupe d’histoire ancienne ou d’histoire médiévale.

Substituer, comme apprentissage de l’historien, l’étude des connaissances positives, vraiment auxiliaires des recherches historiques, à celle des « grands modèles », littéraires et philosophiques, est un progrès de date récente. En France, pendant la plus grande partie du siècle, les étudiants en histoire n’ont reçu qu’une éducation littéraire, à la Daunou ; presque tous s’en sont contentés, et n’ont rien vu au delà ; quelques-uns ont constaté, avec regret, l’insuffisance de leur préparation première, quand il était trop tard pour y remédier ; à part d’illustres exceptions, les meilleurs d’entre eux sont restés des littérateurs distingués, impuissants à faire œuvre de science. L’enseignement des « sciences auxiliaires » et des moyens techniques d’investigation n’était alors organisé que pour l’histoire (française) du moyen âge, et dans une école spéciale, l’École des chartes. Cette simple circonstance assura du reste à cette École, durant cinquante ans, une supériorité

    auxiliaires » est recommandée, non pour elle-même, mais parce qu’elle est, pour qui se destine à certaines spécialités, pratiquement utile. (Voir Revue universitaire, 1895, II, p. 123.)