Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/79

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terons d’en résumer ici les principes essentiels et d’en indiquer les résultats.

I. Soit un document inédit ou qui n’a pas encore été édité conformément aux règles de la critique. Comment procède-t-on pour en établir le meilleur texte possible ? — Trois cas sont à considérer.

a. Le cas le plus simple est celui où l’on possède l’original, l’autographe même de l’auteur. Il n’y a qu’à en reproduire le texte avec une exactitude complète[1]. Théoriquement, rien de plus facile ; en pratique, cette opération élémentaire exige une attention soutenue, dont tout le monde n’est pas capable. Essayez, si vous en doutez. Les copistes qui ne se trompent jamais et qui n’ont jamais de distractions sont rares, même parmi les érudits.

    le Grundriss der romanischen Philologie, I (1888), p. 253-63 ; H. Paul, dans le Grundriss der germanischen Philologie I 2, (1896), p. 184-96.
    Lire, en français, le § « Critique des textes » dans Minerva. Introduction à l’étude des classiques scolaires grecs et latins, par J. Gow et S. Reinach, Paris, 1890, in-16, p. 50-65.
    L’ouvrage de I. Taylor, History of the transmission of ancient books to modern times… (Liverpool, 1889, in-16), est sans valeur.

  1. Cette règle n’est pas absolue. On admet généralement que l’éditeur a le droit d’uniformiser la graphie d’un document autographe — pourvu qu’il en avertisse le public, — toutes les fois que, comme dans la plupart des documents modernes, les fantaisies graphiques de l’auteur n’ont pas d’intérêt philologique. Voir les Instructions pour la publication des textes historiques, dans le Bulletin de la Commission royale d’histoire de Belgique, 5e série, VI (1896) ; et les Grundsätze für die Herausgabe von Actenstücken zur neueren Geschichte, laborieusement délibérées par le 2e et le 3e Congrès des historiens allemands, en 1894 et en 1895, dans la Deutsche Zeitschrift fur Geschichtswissenschaft, XI, p. 200, XII, p. 364. Les derniers Congrès d’historiens italiens, tenus à Gênes (1893) et à Rome (1895), ont aussi débattu cette question, mais sans aboutir. — Quelles sont les libertés qu’il est légitime de prendre en reproduisant des textes autographes ? Le problème est plus difficile que ne l’imaginent les gens qui ne sont pas du métier.