Page:Langlois - Seignobos - Introduction aux études historiques, 1899.djvu/94

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L’analyse interne d’un document, pourvu qu’elle soit faite avec soin, fournit en général des notions suffisantes sur sa provenance. La comparaison méthodique entre les divers éléments des documents analysés et les éléments correspondants des documents similaires dont la provenance est certaine a permis de démasquer un très grand nombre de faux[1], et de préciser les circonstances où la plupart des documents sincères ont été produits.

On complète et on vérifie les résultats obtenus par l’analyse interne en recueillant tous les renseignements extérieurs, relatifs au document soumis à la critique, qui peuvent se trouver dispersés dans des documents de la même époque ou plus récents : citations, détails biographiques sur l’auteur, etc. Il est quelquefois significatif qu’il n’existe aucun renseignement de ce genre : le fait qu’un soi-disant diplôme mérovingien n’ait été cité par personne avant le xviie siècle et n’ait jamais été vu que par un érudit du xviie siècle, convaincu d’avoir commis des fraudes, donne à penser qu’il est moderne.

II. Nous avons envisagé jusqu’ici le cas le plus simple, où le document considéré est l’ouvrage d’un seul auteur. Mais de nombreux documents ont reçu, à différentes époques, des additions qu’il importe de distinguer du texte primitif, afin de ne pas attribuer à X, auteur du texte, ce qui est d’Y ou de Z, ses collabora-

  1. E. Bernheim (o. c., p. 243 et suiv.) donne une liste considérable de documents faux, aujourd’hui reconnus pour tels. Il suffit de rappeler ici quelques mystifications fameuses : Sanchoniathon, Clotilde de Surville, Ossian. — Depuis la publication du livre de M. Bernheim, quelques documents célèbres, nullement soupçonnés jusque-là, ont encore été rayés de la liste des documents à consulter. Voir notamment A. Piaget, La Chronique des chanoines de Neuchâtel (Neuchâtel, 1896, in-8).