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crits. On aboutit pareillement à dresser des tableaux généalogiques.

Les examinateurs qui corrigent les compositions des candidats au baccalauréat ont quelquefois à s’apercevoir que les « copies » de deux candidats (placés l’un à côté de l’autre) ont un air de famille. S’il leur plaît de rechercher quelle est celle dont l’autre dérive, ils le reconnaissent aisément, en dépit des petits artifices (modifications légères, amplifications, résumés, additions, suppressions, transpositions) que le plagiaire a multipliés pour dépister les soupçons. Leurs erreurs communes suffisent à dénoncer les deux coupables ; des maladresses, et surtout les erreurs propres au plagiaire qui ont leur source dans une particularité de la copie du complaisant, révèlent le plus coupable. — De même, soient deux documents anciens : quand l’auteur de l’un a copié l’autre sans intermédiaire, il est en général très aisé d’établir la filiation ; que l’on abrège ou que l’on délaie, on se trahit presque toujours, en plagiant, par quelque endroit[1].

Quand trois documents sont apparentés, leurs relations mutuelles sont déjà, en certains cas, plus difficiles à spécifier. Soient A, B et C. Supposons que A soit la source commune : il est possible que A ait été copié séparément par B et par C ; que C n’ait connu la source commune que par l’intermédiaire de B ; que B n’ait connu la source commune que par l’intermédiaire de C. Si B et C ont abrégé la source commune de deux

  1. Dans des cas très favorables, on est arrivé quelquefois à déterminer, par l’examen des confusions commises par le plagiaire, jusqu’à l’espèce d’écriture, jusqu’au format et à la disposition matérielle du manuscrit-source qu’il avait sous les yeux. Les démonstrations de la « critique des sources » sont quelquefois appuyées, comme celles de la « critique des textes », par l’évidence paléographique.