çoit guère la gravité de l’acte qui détermina le gouvernement à une mesure aussi inusitée.
Le comte Carletti, « homme de peu de cervelle », dit un écrivain contemporain, avait fait montre d’un grand enthousiasme pour les principes de la Révolution et avait eu un duel avec lord Windham qui l’avait traité de jacobin. La célébrité qu’il s’était ainsi acquise l’avait fait choisir par le grand-duc de Toscane, qui s’était imaginé ne pouvoir trouver un meilleur représentant auprès de la République. Il avait reçu en effet un excellent accueil à Paris et était traité par les gouvernants tout à fait comme persona grata. On ne s’explique guère qu’il ait perdu d’un seul coup le bénéfice de cette situation et ait encouru la rigueur d’une expulsion immédiate, par l’unique fait d’avoir sollicité l’autorisation de présenter à Madame Royale, avant son départ, ses hommages comme ministre d’un souverain avec lequel elle avait des liens de parenté. Le Directoire mena autant de bruit de cette affaire que s’il avait sauvé la République.
Les négociations relatives à l’échange n’en avaient pas moins été poursuivies sans interruption et avaient fini par aboutir. Le