Page:Lanne - Une officine royale de falsifications, 1903.djvu/42

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de difformité morale qui prête à sa physionomie cet aspect si étrange et si peu féminin. Cette apparence hybride peut seule donner quelque semblant de justesse à la boutade de Napoléon, affectant, par un esprit de dénigrement assez mesquin, de reconnaître en elle le seul homme de la famille ; car si elle était vraiment aussi peu femme que possible, on ne saurait, à part un réel courage, dont elle a fait preuve en diverses circonstances, lui attribuer aucune des qualités viriles. Son intelligence était sans portée, son esprit sans élévation, son caractère sans énergie ; son obstination n’était pas de la force de volonté, son entêtement n’était pas de la fermeté. Les deux passions qui paraissent avoir conservé en elle toute leur vitalité sont l’orgueil et l’ambition ; mais son orgueil était plutôt un gonflement de la vanité, et son ambition, qui s’est égarée plus d’une fois dans des combinaisons chimériques ou coupables, était sans grandeur et sans générosité ; sa dépendance vis-à-vis de son oncle n’avait pas le caractère d’une libre et franche soumission à la règle monarchique, ni même d’une naturelle et involontaire sujétion à la force invincible d’un ascendant supérieur, mais les allures d’un asservissement craintif