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Page:Lanne - Une officine royale de falsifications, 1903.djvu/91

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n’est-ce pas le comble de l’étrange que son récit soit muet à cet égard ?

Si on lui a permis de contempler ces restes si chers, le souvenir de cette veillée funèbre auprès de la dernière des quatre victimes de son sang, frappées à ses côtés, s’est-il si vite effacé de son esprit et de son cœur, qu’elle ait plu clore la Relation des événements arrivés au Temple sans y déposer même quelque cendre de ce souvenir ? Ou peut-on imaginer un motif plausible qui l’ait contrainte à ce silence ?

Si cette consolation suprême lui a été refusée de mettre un dernier baiser sur le front de son frère, de lui fermer les yeux, de prier auprès de son lit mortuaire, on doit croire au moins qu’elle l’a implorée comme une grâce inestimable, qu’elle a supplié et pleuré pour l’obtenir et que la cruauté d’un tel refus a ravivé et exaspéré la douleur de toutes ses plaies saignantes et soulevé jusqu’à la tempête son indignation contre des bourreaux capables d’une telle barbarie. Et pas un cri de révolte ! Pas un mot de plainte ! Pas même l’expression d’un désir formulé ou seulement d’un regret conçu !

Tout cela fait rêver. Tout cela est si