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Page:Lanson - Boileau, 1922.djvu/175

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LA CRITIQUE DE BOILEAU.

et à leur date dans la polémique, les Réflexions sur Longin prouvent une fois de plus combien Boileau est incapable de composer un ouvrage lié et suivi, de saisir franchement et fortement un sujet, et d’en faire une exposition directe et méthodique : son manque de souffle et de talent oratoire, ici encore, le trahit. C’est maladroit, pesant et brutal. Singulière idée, d’abord, quand on veut se faire lire des femmes, d’aller donner pour titre à son ouvrage : Réflexions critiques sur quelques passages du rhéteur Longin ! C’était pour donner raison à Perrault, qui disait n’avoir affaire qu’à des cuistres. Et le ton ne donnait pas une idée plus avantageuse de l’auteur et de sa cause. On loue Boileau, pour les Satires, d’avoir substitué la critique judicieuse des œuvres à la diffamation aigre des personnes. Vraiment, ici, il se dément, et nous fait rétrograder au temps des Garasse et des Costar. Nous entendons traiter Perrault d’ignorant à chaque page : nous lisons qu’il a commis, ici, « une grossière faute de français », là « une ineptie ridicule », là « cinq énormes bévues ». Le voici qualifié de pédant, au moyen d’un passage de Régnier, et voué au châtiment de Zoïle, par deux passages d’Élien et de Vitruve. Pour décider sur le mérite des anciens, apprenez que M. Perrault n’a jamais fait donner de bénéfice à un frère de M. Despréaux, et que l’autre M. Perrault, le médecin, qui n’a jamais soigné M. Despréaux, n’a pas fait, comme on croit, la colonnade du Louvre.

Tout cela est misérable : et que devient le sujet,