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Page:Lanson - Bossuet, 1891.djvu/348

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BOSSUET.

les pays catholiques, Espagne, Autriche, Flandre, acceptaient et professaient les opinions. Pendant que les empereurs luttaient contre les papes avec de tragiques alternatives de victoire et de défaite, tous les rois de France, depuis le saint roi Louis IX jusqu’à l’indévot Philippe le Bel, assuraient contre le saint-siège l’indépendance de leur couronne ; à l’ombre de leur puissance, l’Université et le clergé établissaient dans le royaume la tradition gallicane, et même un instant dans les conciles de Pise, de Bâle et de (Constance obtenaient le consentement de l’Eglise universelle à leurs doctrines.

Il était naturel que Bossuet s’attachât au gallicanisme : à peine y avait-il en France quelques théologiens, sauf les jésuites, qui fussent favorables aux prétentions romaines. Respectueux comme il était de la tradition, celle-là était si bien établie en France, qu’elle devait lui sembler la forme essentielle du catholicisme. Songeons qu’il était l’élève de ce collège de Navarre, qui depuis plus de trois siècles avait fourni à l’Eglise gallicane ses plus ardents défenseurs ; d’où était sorti Gerson, le hardi théologien qui avait démontré qu’on pouvait déposer le pape, l’orateur puissant qui avait persuadé au concile d’exercer ce droit terrible.

Mais ce serait méconnaître la place que les opinions gallicanes tiennent dans la théologie