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LIVRE IV

LA FIN DE L’AGE CLASSIQUE

CHAPITRE I

QUERELLE DES ANCIENS ET DES MODERNES

Cause profonde du débat. — 1. Vue sommaire des faits. Perrault et ses Parallèles. Fontenelle et sa Digression. Boileau et ses Réflexions sur Longin. — 2. Sens et conséquences de cette querelle.

Nous avons vu que le naturalisme classique est le produit d’une combinaison d’éléments dissemblables : le rationalisme et le goût esthétique. Issus tous les deux de la Renaissance, le rationalisme et le goût esthétique étaient pourtant deux courants qui portaient en sens contraire. Le premier éloignait de l’antiquité, et poussait la raison moderne à ne compter que sur soi : le second ramenait à l’antiquité, et invitait le génie moderne à s’appuyer toujours sur les exemples des Grecs et des Romains. Le culte de l’antiquité avait barré, contenu l’influence du rationalisme sur la littérature ; et c’est par là que la notion de l’art y avait été maintenue. Presque tous les chefs-d’œuvre oratoires et poétiques du temps sont sortis de la petite école des adorateurs de l’antiquité.

Mais le progrès du rationalisme ne pouvait être longtemps enrayé, et nous assistons à la fin du siècle à la destruction de l’idéal classique : c’est à cette crise que l’on donne le nom de querelle des anciens et des modernes[1].

  1. À consulter : H. Rigault, Histoire de la querelle des anciens et des modernes, Paris, 1859, in-8. F. Brunetière, Évolution de la critique, 4e leçon.