Aller au contenu

Page:Lanson - Histoire de la littérature française, 1920.djvu/747

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
725
montesquieu.

nisation parlementaire qui ont été faites ont reposé sur les principes essentiels de sa doctrine.

De nos jours, cependant, la réputation de Montesquieu décline : ou plutôt il reste un nom, il cesse d’être un maître. Une partie de son livre est devenue banale, en s’inscrivant dans les faits. Une autre est devenue fausse, démentie par les faits. Au point de vue scientifique, l’insuffisance de son observation, les fantaisies de sa méthode éclatent. Au point de vue politique, notre démocratie échappe de plus en plus à ses cadres et à ses formules, et le réduit à n’être que le théoricien d’un passé médiocrement aimé. Et notre réalisme [1] ne peut s’empêcher d’en vouloir à Montesquieu d’avoir créé l’illusion de tous ces faiseurs de constitutions, qui croient changer le monde par des articles de loi.

  1. Je serais plus idéaliste aujourd’hui. On ne change pas le monde par des articles de loi ; mais, comme je le disais tout à l’heure, en permettant ou commandant de nouvelles formes d’activité, les lois nouvelles préparent des modifications, qui pourront être importantes, dans l’esprit et le caractère, comme dans la richesse et la puissance d’une nation. Il ne faut pas trop croire à la valeur des formules des codes, il ne faut pas la nier trop (11e éd.). La raison, comme la science, peut quelque chose et ne peut pas tout : comme elle, elle doit tenir compte du réel pour agir sur le réel. La politique rationnelle est possible, comme la médecine expérimentale et l’agriculture scientifique (12e éd.).