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VOLTAIRE.

les plus libres, qui sont celles aussi où l’esprit dispense de tout et rachète tout, au Temple chez le grand prieur de Vendôme, à Sceaux chez la duchesse du Maine.

Il rencontre au Temple Chaulieu, l’abbé de Bussy, le chevalier d’Aydie, le bailli de Froulay, le chevalier de Bouillon, le président Hénault ; à Sceaux, le cardinal de Polignac, M. de Malezieu, Mlle Delaunay. M. de Sully l’emmène à Sully, où viennent le duc de La Vallière et Mme de Gondrin, la future comtesse de Toulouse. Il se coule comme une anguille dans tous les endroits où la vanité et le plaisir trouvent leur compte : à Maisons, chez le Président dont le fils est son cher ami, à Vaux chez le glorieux maréchal et la belle maréchale de Villars, à Paris et à Châtillon chez le banquier Hoguère, où il trouve les poètes Danchet et Crébillon, et l’aventurier Gœrtz, le ministre brouillon de Charles XII. On le voit à Richelieu en Poitou, tenant compagnie au jeune duc exilé, à la Source près d’Orléans, chez Bolingbroke, à Ussé en Touraine où fréquente le poète grivois Grécourt, à la Rivière-Bourdet en Normandie et rue de Beaune à Paris, chez la présidente de Bernières. L’honnête marquise de Mimeure est de ses amies : c’est chez elle qu’il a son premier duel d’esprit avec le salé Bourguignon qu’est Piron. La rousse et mûre Rupelmonde l’emmène en Hollande ; il passe onze jours à La Haye avec le poète Jean-Baptiste Rousseau que jusque-là il avait honoré comme un maître : ils se quittent brouillés à mort.

Il se déploie à l’Opéra, à la Comédie, dans les loges des actrices. Il perd ses peines avec la Duclos.