Page:Lanson - Voltaire, éd5.djvu/80

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
VOLTAIRE.

invité à Étioles (juin-juillet 1745), fournisseur de mémoires diplomatiques, de divertissements de cour, et de louanges officielles ; il fait jouer aux noces du dauphin (23 février 1745) sa comédie-ballet de la Princesse de Navarre, il écrit le Poème de Fontenoy, et s’intéresse en vers, comme « bon citoyen », au « bonheur » de la Pompadour.

À la même époque, il écrit une grande lettre plate au Père de La Tour pour satisfaire les jésuites. Il cajole des cardinaux italiens et le pape Benoît XIV, qui accepte en souriant la dédicace de Mahomet ou le Fanatisme (17 août 1745). Il veut calmer toutes les inquiétudes que son nom éveille.

Il reçoit son salaire : 2 000 livres de pension (1er avril 1745), l’expectative, puis le brevet (en 1746) d’une place de gentilhomme de la Chambre, une place à l’Académie française où il est reçu le 8 mai 1746. Pourquoi, dans ce triomphe, lance-t-il commissaires et archers à la poursuite de quelques libelles du poète Roy, qui enrageait que son vieil ennemi fût de l’Académie dont il n’était pas ? On prétend que Voltaire mena lui-même la police dans la rue Saint-Jacques aux logis suspects pour faire des perquisitions. Au long procès qu’il soutint contre le violon de l’opéra Travenol, chez qui on avait fait une saisie de brochures satiriques, il ne gagna que la publication du Voltairiana, c’est-à-dire du plus copieux recueil de diffamations qui ait jamais été réuni contre lui.

Cependant à la cour il perdait pied. Le roi, fier et timide, trop indifférent aux lettres pour goûter Voltaire, trop gentilhomme pour faire d’Arouet sa