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Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/76

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AU COEUR DE LA VIE

Ses établissements financiers, ses maisons de commerce sont de véritables palais. Le Zuricois est essentiellement « glorieux », comme disent les paysans. A Bâle, on devine qu’il y a de l’argent, ici on le voit. Sous le coup d’une réflexion, je m’arrêtai au beau milieu du trottoir. Je venais de songer que le principal agent de cette prospérité était un petit ver— le ver à soie ! Oui, en vérité, il croyait, comme nous, filer pour lui-même et il filait pour la Vie. Il y avait un peu de sa substance dans tous ces édifices, dans toutes ces confortables habitations humaines. « Il concourt. »

De Zurich à Baden j’ai ruminé mes impressions… Pour moi, elles en valaient la peine. J’avais vu l’homme tout à fait objectivement, c’est-à-dire comme Terrien. Les oreilles et la tête ne seront jamais plus à ma pensée ce qu’elles étaient. Et qu’étaient-elles ?… des mots… eh bien ! aujourd’hui elles sont quelque chose.

L’humanité éprouvera sans doute un choc semblable à celui que j’ai ressenti. Le cycle de son rêve d’enfant a été vécu. Pendant ce rêve, elle a tout imaginé. Dicu, le ciel, son commencement, sa fin, elle s’est imaginée elle-même. La voici au seuil de son adolescence. Par les découvertes de la science, elle va prendre contact avec la Vérité. Le contact lui sera douloureux, je n’en doute pas, mais dans la vérité elle trouvera sa vraie grandeur. En attendant, je crois qu’il est plus profitable de méditer sur un crâne vivant que sur unc tête morte.