ÈVE VICTORIEUSE
Sur des rameaux trop frêles, Qui sent plier la branche et qui chante pourtant,
Sachant qu’il a des ailes.
l n’est guère de femme du monde, en Amérique,
qui n’ait un dada artistique ou une spécialité
d’élégance. Les unes recherchent les bronzes, les
ivoires ; les autres, les tapisseries, les étoffes
anciennes. Celle-ci est renommée pour son service
de table ou pour son argenterie, celle-là pour ses
bijoux ou ses dentelles. Presque toutes sont des
collectionneuses passionnées, qui, sans remords,
viennent dépouiller le Vieux Monde de ses reliques.
Le Nouveau, grâce à elles, voit son trésor d’art
s’accroître avec une rapidité prodigieuse, et le vil
dollar se transforme en objets rares et précieux.
Hélène Ronald, la femme d’un des futurs grands hommes des États-Unis, était considérée comme une autorité en matière de décoration et d’arrangements intérieurs. Elle se flattait elle-même de pouvoir, au besoin, refaire une fortune en mettant son goût au service des nouveaux riches.