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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/104

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88 L ILE INCONNUE.

— Du reste, en Angleterre, en France, partout, on manque de grands écrivains, de grands artistes. Les dieux dirigent visiblement nos efforts du côté de la science. Ils veulent nous mettre à même d’acquérir des éléments nouveaux, une vue plus profonde. Lee facultés de l’idéal sont au repos maintenant chez les Terriens, elles entreront de nouveau en activité et elles auront acquis de l’envergure. Il faut beaucoup de temps à la nature pour produire un Shakespeare.

Rodney me regarda d’un air étonné, puis souriant :

— Votre manière de considérer les choses de ce monde est un peu déconcertante. Pour vous suivre, il faut changer son fusil d’épaule.

— Changez-le, changez-le, mon cher, cela vous reposera. Dans votre littérature moderne, on sent un formidable mouvement d’émancipation. S’il s’accentuait davantage, ce serait plutôt dangereux pour vos jeunes ûlles.

Mon hôte eut une expression de plaisir.

— Ah ! vous comprenez donc une des causes de cette réserve que vos compatriotes appellent hypocrisie ! Les jeunes filles nous obligent à avoir do la tenue. Nous nous privons de liberté afin qu’elles en aient davantage. Il faut qu’elles puissent, sans danger, avoir accès dans les bibliothèques, aux théâtres, partout, de même il faut qu’elles puissent voyager seules dans toute l’étendue de leur pays… Vous, vous les supprimez. Croiriez-vous qu’à Paris, je n’ai jamais rencontré de jeunes filles ! Vous ne savez pas combien cela lui manque !

— Elles ne se trouvent certainement pas dans les endroits que vous fréquentez : aux courses, aux Fo-