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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/109

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SAINT-OLAF. 93

L’enfant anglais est celui qui ment le moins. La nurse a une instinctive considération pour ces rejetons d’une classe supérieure qui lui sont confiés. Elle pourra être dure, acariâtre, les faire souffrir même, elle ne souillera jamais leur imagination par des paroles grossières et avec une surprenante intuition, elle leur donne les habitudes qui conviennent à leur position sociale. Vingt fois par jour, vous entendrez l’une dire à quelque fils de lord : « Monsieur, un gentleman ne se conduit pas de cette manière. » N’est-ce pas curieux et touchant de voir une humble fille du peuple travailler ainsi à la formation du caractère des grands. Sa mission la rafïïne elle-même et l’économe nature y trouve son compte. La journée des bébés anglais est sagement réglée, leur nourriture bien graduée. Vers six ou sept ans, quand ils savent parfaitement manier le couteau et la fourchette, pas avant, ils prennent part au déjeuner des parents. L’éleveuse, qui est une éducatrice, mange avec les enfants et dans la nursery on ne se met pas à table sans faire toilette.

Autrefois, en Angleterre, les bébés étaient élevés comme de petits Spartiates. Leurs nurseries étaient nues et froides, leur nourriture peu variée et d’une simplicité primitive. On obtenait d’eux l’obéissance par la menace des châtiments éternels. Aujourd’hui, on place sous leurs yeux les images les plus riantes, les couleurs les plus claires, on leur parle du ciel, de récompenses, et l’ange gardien a remplacé le diable. Il plane maintenant au-dessus de tous les berceaux. Cette évolution est bien remarquable et caractéristique de notre époque.