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SAINT-OLAF.

prix du temps, mais ils se dépensent aussi plus généreusement. Ils aiment leurs marchandises quelles qu’elles soient. Ils font l’article avec habileté et délicatesse. Dans leur métier, ils mettent quelque chose qui le relève, un peu d’art, un peu d’âme. Leur amabilité n’est pas toujours de commande, elle a des nuances, elle est provoquée par le plus ou moins de bienveillance du client. Le sourire, le petit mot dont ils vous remercient vous laissent parfois une agréable sensation de sympathie. John Bull pensera que c’est de trop. De trop ? Eh bien, je n’en suis pas sûre. Aujourd’hui, en promenant les yeux autour de moi, j’ai eu une impression de froid sec, de banalité que je n’ai jamais ressentie ni au Louvre, ni au Bon Marché, ni dans le plus petit de nos bazars.

En sortant de Régent Street, dont la laideur me frappe toujours, nous nous sommes dirigées vers New Bond Street, à la recherche d’une tasse de thé. A Londres, les femmes du monde déjeunent et dînent davantage au restaurant que les Parisiennes, mais en revanche, elles restent chez elles pour le five o’clock. Il s’ensuit que les maisons de thé laissent beaucoup à désirer comme confort et élégance. Quelques-unes sont dirigées par de soi-disant « ladies », qui se distinguent plutôt par des robes à traîne que par le breuvage qu’elles vous servent.

New Bond Street a une caractéristique qui vaut la peine d’être signalée, elle pourrait s’appeler « la rue des oracles ». Elle compte un nombre inimaginable de somnambules, de chiromanciennes, de cartomanciennes. Vous voyez leurs plaques à côté de celles des dentistes ou des couturières. À Paris, elles de-