Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/145

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
129
SAINT-OLAF.

des jeunes filles, en robes très claires, blanches même, avec des boas de plumes, des chapeaux de portraits. Elles monteront avec des toilettes semblables sur rimpériale des omnibus. L’Anglaise n’a pas le sens de l’harmonie des choses. Les murs du tunnel sont tapissés d’affiches du haut en bas, cela va sans dire. Les affiches ne sont jamais ni aussi jolies, ni aussi artistiques que les nôtres, mais elles sont plus ingénieuses, plus iolentes. Elles pénètrent brutalement dans le cerveau. Quand on a passé une semaine en Angleterre, on peut être sûr d’en emporter toute une collection. Pour ma part, j’ai là derrière mon front : Scrubb’s Ammonia, Sunlight Soap, etc. Il y a quelques années, le gros pâté qui s’étale sur l’affiche de l’encre Stephen ayant attrapé mon œil au passage, j’ai acheté ladite composition et je n’en use pas d’autre. Voilà un bel exemple de suggestion. Et toutes ces réclames vulgaires, absurdes même, ne sont pas inutiles, elles ont un petit effet à produire… elles aident à la vie.

Edith avait raison de dire que Londres fait apprécier Wimbledon. Nous avons remonté la colline en voiture. Après New Bond Street, sa foule mêlée, ses somnambules, cela m’a paru délicieux de me retrouver à la campagne, de respirer à nouveau l’air du Common, de reposer mes yeux sur les grappes jaunes des laburnums, de traverser des chemins verts et fleuris. Il me semblait que je subissais une sorte d. ? purification, La vue de Saint-Olaf a dissipé les dernières traces de ma fatigue. Oui, oui, la banlieue a du bon.