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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/217

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LONDRES.

« What’s in a name ? » « Qu’y a-t-il dans un nom ? »

Beaucoup, selon moi. C’est le vêtement de la chose et souvent le nom vaut mieux que la chose elle-même. Est-ce que la magie de ce nom de Belgravia ne se fait pas sentir jusqu’au delà de l’Océan ? Est-ce qu’il n’agit pas comme un aimant sur les millions et les millionnaires d’Amérique ? Hier, comme je traversais ce saint des saints de la société anglaise, je me suis souvenue du conseil fameux : « Stick to' Belgravia. » « Cramponnez-vous à Belgravia », c’est-à-dire à l’aristocratie. Et on s’y cramponne ! Les mains âpres et souvent peu nettes des snobs et des parvenus qui se livrent à cet exercice sur sa personne, l’eussent démolie depuis longtemps si elle n’avait des racines aussi profondes et aussi bien recouvertes de terre... Ses racines n’ont pas été dénudées par une révolution comme celles de l’aristocratie française, voilà pourquoi elle est debout encore.

Belgravia et Mayfair représentent deux mentalités, deux sociétés, deux époques. Belgravia est conservateur jusque dans ses moelles, Mayfair est aussi éclectique que possible en politique, en philosophie et en morale. Belgravia est comme il faut, Mayfair est élégant et chic. Belgravia est le passé, le passé vivant, Mayfair est la transition. Quand on ne peut pas être Belgravia on est Mayfair.

Paris a dans le faubourg Saint-Germain, sur la rive gauche de la Seine, une sorte de Belgravia, comme il a aussi une sorte de Mayfair dans la région mondaine de la rive droite.

Les quartiers de Belgra^"ia : Belgrave Square,