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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/219

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LONDRES.

Aux premières heures de la matinée, Hyde Park est délicieusement frais. Il est plein de bébés « tout de blanc habillés », de bambins et de fillettes sur des poneys et les cheveux flottants. Les convalescents, les invalides y viennent prendre l’air accompagnés d’une « nurse ». La nurse, en uniforme noir ou bleu, est vraiment une figure proéminente dans le tableau de Londres.

Vers onze heures, mondains et mondaines, Belgravia et Mayfair font leur apparition. Jusqu’à une heure ils se promènent à pied, à cheval, en automobile, en voiture, fleuretent et potinent sous les yeux de la classe moyenne, leur public habituel, un public d’admirateurs et d’adorateurs. Le lendemain, certains journaux feront le compte rendu de la parade. Ils apprendront à leurs lecteurs que la duchesse de M... avait un très seyant costume tailleur gris, lady C... une robe rouge avec un chapeau noir, que lord G... portait des lunettes bleues, et ainsi de suite. Ces importants renseignements seront transmis à Paris, pour la plus grande édification des Américaines.

Le mode de cette exhibition quotidienne n’a pas encore passé la Manche. La promenade au Bois du matin, bien qu’élégante, est plutôt intime. La bourgeoisie moyenne ne s’intéresse nullement aux faits et gestes des grands mondains. Elle professe même pour eux un mépris que je crois sincère. En tout cas, elle a trop de dignité et de fierté pour leur faire galerie.

Et dans cette zone privilégiée du West End, on voit, de temps à autre, passer d’étranges créatures,