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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/234

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218 L'ILE INCONNUE.

avait accompli en vingt ans. Je constatai, non sans plaisir, qu’il avait été lent, respectueux, artistique presque. Son buste, que modelait une blouse de soie et de dentelle, était droit et fier encore. Malheureusement, ses cheveux passés au henné, ses lères rougies, les parcelles d’or qui se mêlaient à l'ivoire de ses dents, lui donnaient un air raccommodé. Ses yeux taillés en amandes, la ligne légèrement aquiline de son nez, larc de sa bouche, lui faisaient un profil hautain et noble et n’eût été le sourire aguichant, cynique, railleur, on eût déclaré impossibles les aventures qu’on lui attiibuait. Sa physionomie était celle d’une grande amoureuse ou d’une grande farceuse. Je ne pus me prononcer, je ne sentis bien que son charme... le charme des femmes qui ont été beaucoup aimées. Comme les rayons du soleil, les rayons de l’amour subsistent longtemps après qu’il a disparu. Tant qu’ils sont là, il y a toujours un peu de chaleur et de lumière ils étaient encore sur lady Neville.

En se reportant du côté de lady Herbert, mon regard 

reçut une impression délicieuse de vie simple, saine et active. Son physique correspondait parfaitement au moral que lui avait donné madame Winlthrop. Des cheveux châtains, brillants de sève, relevés au-dessus du front uni, des yeux vifs et intelligents, une grande bouche rieuse et moqueuse, le teint halé, des mouvements brusques, mais naturels, c’était une femme faite pour la robe courte, le cheval, la campagne, les voyages lointains.

Les trois convives masculins étaient tout à fait 

<< Smart >>. Lord Neville. très petit, avait le teint.