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SAINT-OLAF.

Ion inéluctable qui les pousse hors de chez eux. Ils se répandent alors dans le monde entier en quête de lumière, de beauté naturelle ou artistique et ils ne rentrent jamais dans leur île la trompe vide. A leur insu, ils rapportent des éléments nécessaires à l’àme même de leur pays. S’ils pouvaient se rendre compte de ce qu’ils doient aux autres nations... à l’Orient, à l’Italie, à la France, à ces races latines surtout qui provoquent souvent chez eux un petit sourire dédaigneux, ils auraient pour elles la plus tendre révérence. Ils ne savent pas encore, voilà tout !

Ce besoin de déplacement dont les Britishers sont de plus en plus possédés a encore une autre cause.

Quelque confortable, quelque luxueux que soit le home anglais, il est toujours froid. Le snobisme du décorum y maintient une discipline trop rigide, trop uniforme. Il met une sourdine à la gaieté, rend la conversation lourde et banale, empêche l’extériorisation des sentiments, transforme les domestiques en automates. Cette atmosphère où manquent les bons fluides exhilarants, ceux qui ouvrent l’esprit et le cœur, finit par causer une sorte d’oppression, de nervosité, à laquelle nos voisins ne connaissent d’autre remède que le changement de milieu. Grâce à Vhospitalitémanie qui les distingue, ils peuvent toujours y avoir recours et ils ne s’en privent pas.

On donne un changement à ses parents, à ses amis, à de simples connaissances. La petite bourgeoise a sa liste de visiteurs aussi bien que la châtelaine. Dans le cottage, sous le toit de la ferme, il y a la chambre de l’hôte et elle est rarement vide. Nombre de jeunes filles sont des mois sans réintégrer