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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/601

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LOFTSHALL. 585

— On a bien raison de redouter l’expansion anglosaxonne, fis-je en secouant mes doigts meurtris.

— Un calembour ! s’écria Jack.

— Tous mes compliments, jeune Canadien, on voit que vous entendez le français.

Ce thé de fiançailles, sous un groupe de vieux arbres, au milieu d’une masse de fleurs brillantes, avec les quatre chiens et le chat, fut absolument délicieux. J’admirai tout le temps la manière digne avec laquelle Edith portait ses nouveaux honneurs. La figure de madame Baring avait un rayonnement très doux, mais elle gardait encore de la surprise.

Philippe Beaumont dîna à Loftshall. On dépêcha le domestique à Bath pour prévenir l’oncle et rapporter l’uniforme de rigueur.

Après le dîner, je me retrouvai seule avec madame Baring sur la terrasse. Elle avait sa plus jolie « cap », autour de ses épaules un de ses petits châles blancs, de l'inde, que les Anglaises affectionnent. Il faisait une de ces belles nuits d’été, claires comme un demi-jour et particulières à l’Ile Inconnue. Rodney et Jack avaient disparu. Les fiancés se promenaient lentement à quelque distance, sous les vieux cèdres de l’aile droite.

— Edith a bien mérité son bonheur, fîs-je alors, elle a été si brave, elle a porté son fardeau toute seule.

— Elle pouvait ne pas le porter seule. Ceci fut dit avec une nuance d’amertume.

— Eh bien, c’eût été très égoïste. Vous comprenez maintenant, pourquoi elle a eu recours à la religion catholique ?