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Page:Laperche - Ile inconnue.djvu/95

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SAINT-OLAF.

Rodney m’intéresse parce qu’il est un très pur échantillon d’Anglo-Saxon. En outre, il me donne une agréable impression de droiture, de netteté physique et morale. Son esprit est vraiment ce qu’on appelle en anglais « a legal mind », un esprit de jurisconsulte. Il perçoit tout de suite le point faible d’un argument, y jette le coin de sa logique ou de son humour et le démolit avec le moins de mots possible. Si je ne me trompe pas, il y a en lui l’étoffe d’un politicien, d’un homme d’État. Comme la plupart de ses compatriotes, il ne voit que les grandes lignes des faits et il dédaigne les à côté. L’histoire l’intéresse plus que toute autre chose. Il connaît fort bien la nôtre, l’épopée napoléonienne surtout. Les Anglais nous l’ont toujours enviée et Napoléon a encore chez eux un prestige énorme.

Rodney a naturellement de nous et de notre caractère la plus fausse conception. Je m’efforce de la rectifier. Parfois sa physionomie exprime le plus naïf étonnement et il répète tout pensif : « Est-ce ainsi ? Je vois, je vois ! »

M. Baring n’avait jamais causé sur tant de sujets divers. Il fait connaissance avec ce que nous appelons les idées générales, c’est pour lui une véritable révélation. Je m’aperçois qu’il y trouve un plaisir croissant. Et comme chaque fois que je me rencontre avec un jeune homme d’une certaine intelligence, je tourne son regard vers la vie… je l’amène à la considérer sous cet angle d’où elle m’apparaît si merveilleuse et parfois sa surprise, l’éveil de son intérêt vient me causer une joie infinie.

Avant-hier, une forte migraine ayant obligé Édith