Page:Laperche - Noblesse americaine.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Non, merci.

— Alors, dépêche-toi, il est dix heures et demie. Demeurée seule, mademoiselle Villars reprit la besogne interrompue. Elle plaça dans les vitrines déjà bondées, les coupes pleines de petites choses rares. De temps à autre, elle portait sous la lumière d’une lampe un bibelot, une photographie, pour les regarder une dernière fois. C’était pitié de voir ces mains de jeune fille assombrir si alertement cet intérieur aimable et le préparer pour le silence et l’abandon.

Lorsque Annie eut dégarni la cheminée, les étagères, les tables, elle tourna toutes les clés, tira soigneusement les grands rideaux de soie verte devant les rayons de la bibliothèque puis, ayant promené autour de la pièce un regard d’inspection et d’adieu, elle s’éloigna la physionomie toute grave, sans se douter pourtant qu’elle était entrée dans la voie qui devait la conduire où elle ne voulait pas aller.



II

Les Villars occupaient une place proéminente dans la société de New-York, et même dans le clan des « Patriarches. » C’était une race saine, honnête, austère. Leur ancêtre était le fils cadet d’une grande famille anglaise encore existante. Enfermé à la Tour de Londres, à cause de ses idées avancées, il